HISTOIRES D’ENSEIGNES (1) - du 08 AOÛT 2015 (J+2425 après le vote négatif fondateur)

Nous voilà parvenus au cœur de l’hibernation estivale, tout ou presque est fermé, tout ou presque s’arrête, tout le monde ou presque est parti. Qui gardera les radis ?

La tentation est grande de mettre la clef sous le paillasson et d’aller se faire cuire ailleurs, à Vierzon ou à Vesoul, par exemple. Nous y résisterons par fidélité à notre distingué lectorat.

Nous interrompons toutefois momentanément notre série en cours « Le poids des mots » pour laquelle nous avons découvert des ressources documentaires insoupçonnées et de première bourre, que nous ne manquerons pas de diffuser ultérieurement après leur exploitation et leur mise en forme.

Pour l’heure, notre cher Claudi, ce chineur invétéré, vient de faire une trouvaille qui nous tire une belle épine du pied et va nous permettre de souffler un peu, tout en ne décevant pas notre distingué lectorat.

Les moins amnésiques de nos lecteurs/trices, se souviennent sans doute de la fameuse valise dégottée par Claudi chez son oncle Seppi de Rouffach. Les trouvailles qu’elle contenait nous avaient permis de publier l’iconographie originale et alors encore inédite du « Charmoy du Centenaire », qui illustre nos articles des 14, 16 et 18 février 2014.

Nous reprendrons très bientôt cette belle iconographie, réactualisée, dans un petit album intitulé « Partir au feu ». « Partir au feu », voilà une expression désormais consacrée dans le répertoire conquérant des grandes enseignes

« UN BLINDÉ PLUTÔT QU’UN RADIS ! » - du 22 JUILLET 2015

Retournons à présent à Rouffach où, bravant la canicule, Claudi est remonté récemment dans le grenier de son oncle Seppi. Le grand soleil d’Alsace tapait sur le ciboulot et sur les tuiles d’Altkirch des toits, où les cigognes commençaient à fondre dans leurs nids sur les cheminées. Dans le grenier de l’oncle Seppi, il faisait chaud, comme dans un four !!

Mais malgré l’honneur qu’il avait fait aux pickerla d’Edelzwicker, car il apprécie aussi le blanc et pas seulement les rouges tanniques comme le colporte certain zozo – tannique ta mère, une fois ! – notre bon Claudi gardait la tête sur les épaules. De son séjour dans le grenier-sauna, il a rapporté de nouvelles trouvailles.

Tout d’abord, une vieille enseigne poussiéreuse de coiffeur avec son plat à barbe pendant, tel la Croix de Fer sur la poitrine d’un Feldwebel, et ensuite, un portefeuille bourré de vieux papiers passionnants et inédits qui seront au menu de nos prochains articles.

Redescendu du grenier, poussiéreux, tout couvert de toiles d’araignées, et surtout plus assoiffé que jamais, Claudi a vidé dare-dare quelques schopa avec le vieux Seppi. Ce faisant, rythmant son récit de claquements de langue sonores et gourmands sur quelques bonnes rasades d’Edelzwicker bien frais, le vieux Seppi lui a conté l’histoire de la vieille enseigne avec son plat à barbe pendant, tel la Croix de Fer sur la poitrine d’un Feldwebel.

Le grand-père de Seppi, un autre Seppi, était coiffeur à Niederziwweldorf, vieux bourg rural sur la Tochter, en aval de Königshafen, villégiature alors en vogue où le Kronprinz venait bronzer son corps longiligne et faire de la périssoire à deux places en août. Le clocher en bulbe de Niederziwweldorf était par ailleurs le but de nombreuses excursions-incursions ultra-rhénanes car il figurait en bonne place avec deux étoiles dans le guide vert-de-gris du Professor Knatschke.

Pendant l’annexion prussienne, l’ancêtre-coiffeur qui s’ennuyait un peu à débroussailler tout un régiment de têtes creuses, s’était fait mal voir de l’autorité régnante, de ses instances et de ses sbires à cause de son franc parler et particulièrement pour sa persistance invétérée à continuer d’écrire en bon français !

C’est d’ailleurs le thème de notre illustration du jour. Herr Polizei Schwob, était avant tout un homme d’ordre, même s’il était connu pour avoir peint quelques enseignes à bière, et doté de surcroît d’une plume gothique, qui lui avait valu d’obtenir un prix littéraire de l’Akademie de Kuhschnappel (32ème, au rang des 31 villes de Souabe). Mais tout cela n’impressionnait pas Seppi.

Quand Herr Polizei Schwob sortait sa carte de Polizei et son petit carnet portant le Stempel aquilin aux armes du Reich, Seppi ne rectifiait pas la position et n’obtempérait pas aux observations du sbire : « En matière d’enseigne, chez Hoffnung, on continuera d’écrire en bon français et Herr Schwob n’y changera rien !! »

 

HISTOIRES D’ENSEIGNES  (1) - du 08 AOÛT 2015 (J+2425 après le vote négatif fondateur)

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 08 août 2015 (J+2425 après le vote négatif fondateur)

Retour à l'accueil