CHARMOY-CITY : DU DANGER DE JARDINER EN MAUVAISE COMPAGNIE - du 13 avril 2020 (J+4135 après le vote négatif fondateur)

     Bonjour encore une fois fidèles lecteurs/trices. Nous constatons une assiduité particulière pour nos articles en ces temps de peine, il est clair que nous sommes sensibles à cet encouragement plus qu’opportun qui nous permet de continuer à « chanter clair » en des temps obscurs…

    Pour ce faire nous puiserons encore une fois dans le trésor des Fables de Jean de La Fontaine. Nous l’avions déjà fait précédemment sur une fable au titre particulièrement explicite.

LES APERÇUS DE CHANTECLER (3) - du 08 avril 2020

    Aujourd’hui, nous retrouverons La Fontaine sur une autre fable dont le thème n’est plus la justice distributive, mais bien plutôt l’isolement, mot qui parle à beaucoup d’entre nous en ces temps. Nous vous proposerons ainsi de vous livrer à quelques réflexions sur la fable L’Ours et l’amateur des jardins (VIII, 10)

     La première partie de la fable plante les décors séparés dans lesquels évoluent deux êtres solitaires et privés de compagnie : un ours mal léché et un jardinier solitaire.

    Bellérophon est un exilé de la mythologie grecque  (petite parenthèse napoléonienne : on peut se demander s’il n’y avait pas quelque méchant humour britannique à embarquer l’Empereur pour Sainte-Hélène sur le HMS Bellerophon, un navire de ligne de 3ᵉ rang de 74 canons de la Royal Navy.)

   Mais revenons à nos moutons, et lisons à présent La Fontaine :

 

« Certain Ours montagnard, Ours à demi léché,

Confiné par le sort dans un bois solitaire,

Nouveau Bellérophon vivait seul et caché :

Il fût devenu fou ; la raison d'ordinaire

N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés :

Il est bon de parler, et meilleur de se taire,

Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. 

Nul animal n'avait affaire

Dans les lieux que l'Ours habitait ;

Si bien que tout Ours qu'il était

Il vint à s'ennuyer de cette triste vie.

Pendant qu'il se livrait à la mélancolie,

Non loin de là certain vieillard

S'ennuyait aussi de sa part.

Il aimait les jardins, était Prêtre de Flore,

Il l'était de Pomone encore :

Ces deux emplois sont beaux : Mais je voudrais parmi

Quelque doux et discret ami.

Les jardins parlent peu ; si ce n'est dans mon livre ;

De façon que, lassé de vivre

Avec des gens muets notre homme un beau matin

Va chercher compagnie, et se met en campagne.

L'Ours porté d'un même dessein

Venait de quitter sa montagne »

 

    On apprendra, en poursuivant la lecture de la fable, les suites de ce « déconfinement », vues par La Fontaine

Après avoir découvert, ou redécouvert, le texte et l’issue de la fable, nous vous conseillons de l’entendre dans une lecture faite par Fabrice Luchini.

https://www.youtube.com/watch?v=wsTBAruDLe0

     Claudi vous offre une image originale inspirée de L. Mimard et qui révèle un danger inédit du jardinage

Du danger de jardiner en mauvaise compagnie.jpg

Du danger de jardiner en mauvaise compagnie.jpg

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 13 avril 2020 (J+4135 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Analyses et réflexions

 

Retour à l'accueil