19 HECTARES, EST-CE BIEN RAISONNABLE ? - du 12 OCTOBRE 2015 (J+2490 après le vote négatif fondateur)

Un long article du Bien Public du jeudi 8 octobre présentait, sous le titre « Auxonne. L’écoparc en question », l’actualité des débats relatifs à cet « écoparc » au sein de la Communauté de Communes.

L’article ne précisant pas la nature de ce projet d’« écoparc », rappelons en préalable que ce projet est prévu sur le territoire des communes de Villers-les-Pots et de Tillenay et que sa vocation est d’accueillir des entreprises de la filière agro-alimentaire.

En 2008, ce projet était déjà au programme de la Communauté de Communes et, le 21 octobre 2008, lors d’une réunion du conseil municipal, le maire d’Auxonne d’alors, qui est encore le maire actuel, en réponse à une question écrite de Monsieur Sanz concernant la situation de l’emploi, évoquait le projet. Ayant relu les propos de notre premier édile, rapportés dans le procès-verbal correspondant, nous avons jugé intéressant de vous faire partager leur relecture :

« M. le Maire rappelle que 344 demandeurs d’emploi sont 344 personnes de trop [sic]. Son souci est que lorsqu’il y a des propositions de création d’entreprises, il ne peut pas répondre, il n’y a pas de terrain disponible. M. le Maire précise qu’il rencontre dans un délai proche M. VADOT, M. SEICHON, Mme ANCEAU pour avancer sur le projet de zone d’activités mais il ne faut pas se faire d’illusions. Certains sont un peu pressés. Au niveau de la Communauté de Communes, on s’oriente vers la zone du Charmois [sic] d’une part et vers Villers-les-Pots-Tillenay d’autre part [N.D.L.R. Chantecler : projet de l’actuel écoparc] mais dans un premier temps il faut que le PLU de Villers-les-Pots et la carte communale de Tillenay soient adaptés et que la zone soit délimitée en zone d’activités économiques. Ensuite il y a un contact à prendre avec le service des domaines pour évaluer financièrement les terrains. Il ne faut pas rêver, pour un terrain agricole, les propriétaires ou locataires ne doivent pas revendiquer des prix qui n’ont rien à voir avec la qualité du foncier. Certes ces discussions ne font pas la une des journaux ou des réunions de la Communauté de Communes mais ce travail est fait par le Vice-Président de la Commission Économie de la Communauté de Communes (M. LANGLOIS) mais il faudra 5, 6 ou 7 ans pour que ce projet puisse aboutir, s’il n’y a pas d’empêchements. […] ». [page 31 du compte-rendu du Conseil municipal du 21/10/08]

Sept ans ont passé depuis et, selon l’article du Bien Public du jeudi 8 octobre nous en sommes « à la phase d’études qui devrait se terminer en 2016 ». Toujours selon l’article « Cette phase d’études a été estimée à 508 875 € et fait ainsi l’objet d’une demande de subvention ».

Cette demande de subvention a été mise aux voix et, selon l’article cité en référence, finalement adoptée après une interruption de séance « à la demande de Raoul Langlois » qui « a proposé de modifier la phrase précisant que la surface foncière était de 19 hectares » en déclarant : « […] Il faudrait rester raisonnable. 19 ha, bien qu’il y ait 6 hectares de bois classés, je pense que c’est trop important. Pour le principe, je ne peux pas voter ».

Son avis a été entendu, et après l’interruption de séance, « les élus se sont [finalement] prononcés pour un terrain de « 13 hectares à aménager dont 5,5 ha commercialisables au maximum » ». Au-delà de la demande de subvention, et sous réserve d’aboutissement du projet, il semblerait – selon l’article qui n’est pas très explicite sur ce point – que ce vote devrait engager à plus long terme une participation financière à la « première phase qui devrait s’étaler jusqu’à 2024 » et dont « le montant total a été évalué à 4 226 059 € »

N’étant pas orfèvre en la matière, nous ne prétendons pas faire une analyse exhaustive de la question. Tout au plus, intrigué par une coïncidence de chiffres, avons-nous formé le projet de mettre en perspective, sur fond de Charmoy, une remarque prudente de Raoul Langlois. Cette remarque, qui fait le propos de notre titre est la suivante :

« […] Il faudrait rester raisonnable. 19 ha, bien qu’il y ait 6 hectares de bois classés, je pense que c’est trop important. Pour le principe, je ne peux pas voter ».

« 19 ha », c’est bien clair, notre maire « pense que c’est trop important » « Il faudrait rester raisonnable »

Il apparaît évident à la lecture d’Inf’Auxonne N° 25 de mai 2009, véritable bible révélée et catéchisme du projet de zone commerciale du Charmoy, visiblement écrit en collaboration étroite avec et pour le promoteur, que « 19 hectares », alors, ce n’était pas « trop important » !

Pour confirmer nos assertions et en rappeler quelques autres, pas très « raisonnables », formulées par le tenant du projet, relisons donc ensemble quelques paragraphes de ce trésor de rhétorique à tirer dans les coins (Inf’Auxonne N° 25 de mai 2009, page 2, colonne 3) :

« Sur quelle surface porte le projet ?

Sur la moitié environ de la zone du Charmoy, soit approximativement 19 hectares.

Où en sont les acquisitions de terrains ?

Les propriétaires ayant réservé un très bon accueil aux propositions de l’acquéreur, 99 % des compromis ont été signés rapidement.

La commune d’Auxonne a-t-elle trahi la Communauté de Communes (cf Bien Public du 08/04/2009) ?

NON. Le Maire a rencontré le Président de la Communauté de Communes pour l’informer de l’évolution du projet. Il lui a, dès le 15 janvier 2009, proposé également un rendez-vous avec les investisseurs pour qu’il prenne connaissance, de façon plus approfondie, du dossier. Ce dernier a été présenté aux membres de la Commission Economie de la Communauté de Communes du 23/03/2009. Il appartenait au Président de cette structure d’en informer l’ensemble des Conseillers Communautaires.

Le Maire a-t-il, comme les opposants au projet le prétendent, changé d’avis ?

NON. Sa position a évolué avec le dossier lui-même. En effet, initialement « à prédominance alimentaire », le projet a ensuite subi des adaptations majeure pour le mettre en adéquation avec le vote du 17/12/2008 » (Inf’Auxonne N° 25 de mai 2009, page 2, colonne 3)

Une lecture toujours passionnante et instructive, pas vrai ?!

Pour l’heure, cependant, il semble que l’on soit devenu plus « raisonnable » puisque le projet en cours de réalisation ne couvre plus au bout du compte qu’une surface de 4,6308 ha !

Les temps changent ! Il y a bientôt 7 ans, chez nos élus, fébrile et excité(e) « on » prospectait et démarchait en catimini pour dégotter 19 ha de terrains pour le « fabuleux chantier » (Le Bien Public du 26 mars 2009), il semble qu’aujourd’hui « on » se contente de prospecter les producteurs locaux. VRP multicarte un jour, VRP multicarte toujours ! Une chose est sûre au moins : on n’en finira jamais de nous raconter des salades !

HYPER-SOUPE : ÉPISODE N°6 - du 1er JUIN 2015

Claudi a recyclé pour nous une affiche d’archive « aux petits oignons » qui, à en croire la conjoncture ambiante, pourrait bien être encore longtemps d’actualité !

19 hectares, c'était pas raisonnable !

19 hectares, c'était pas raisonnable !

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 12 Octobre 2015 (J+2490 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Revue de presse

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