DES FEUILLES ET DES NOTES - du 20 février 2017 (J+2987 après le vote négatif fondateur)

Les amateurs de feuilleton vont être déçus ! Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous publierons la suite de notre feuilleton « Un viaduc pour l’avenir » !

À nos lecteurs, il faudra donc un peu de patience avant de connaître l’issue des souhaits des édiles visionnaires mis en scène par José Herbert, dans son ouvrage intitulé Signé la grande faucheuse paru en 2009 aux éditions ATRIA.

Il est vrai que José Herbert, en auteur avisé, a l’art et la manière de tenir le lecteur en haleine :

« Monsieur le Maire et le conseil municipal, lors de la séance mensuelle dans la salle des mariages, levèrent les yeux au ciel et virent en pensée Lourdes, Saint-Tropez, le Mont Saint-Michel, Rocamadour, le château de Versailles. La notoriété, la reconnaissance de milliers de touristes et l’argent s’accumulant dans les tiroirs de la mairie. »

UN VIADUC POUR L’AVENIR : 2ème ÉPISODE - du 16 février 2017

Mais j’y pense, certains de nos lecteurs, impatients de connaître la suite iront peut-être demander l’ouvrage à la bibliothèque municipale. Il paraît qu’à présent elle est ouverte !

NO LIBRARY À CHARMOY-CITY - du 6 novembre 2016

Si le bouquin s’y trouve, sûr alors, qu’il aura déjà été lu ! Du coup, il doit être très usagé ! Et ce détail, qui n’est pas sans importance, a lieu de nous inquiéter. Pourquoi ?

Si vous lisez la PQL vous aurez appris dans Le Bien Public de vendredi dernier 17 février que « La bibliothèque « ramasse » les feuilles mortes ». Avouez quand même que c’est un peu tard, à la veille du printemps ! Qu’importe ! Voilà quand même un beau titre à la Prévert, cet auteur dont les poèmes peuplent sans aucun doute les rayons de la bibliothèque.

Un conseil en passant : si vous voulez briller dans une docte assemblée, ne manquez jamais d’associer au nom de Prévert, celui d’inventaire. Cependant, Prévert, à faire des inventaires n’est pas le seul, car c’est aussi une tâche de bibliothécaire, mais encore à l’occasion un pensum pour quelques élus et ça, les curieux pourront le vérifier !

RHÉTORIQUE D’EN BAS, RHÉTORIQUE D’EN HAUT (2) - du 10 février 2017

Mais poursuivons notre lecture de l’article du Bien Public, avant d’en revenir au fameux bouquin. Sous le titre « La bibliothèque « ramasse » les feuilles mortes », on peut lire « le service municipal se lance dans une opération de « désherbage »».

« Feuilles mortes », « désherbage » On serait pas plutôt au service des espaces verts, à la « Villa des deux fleurs » ? Mais non, amis lecteurs, vous devez comprendre que l’article nous entraîne dans le monde imagé de la métaphore ! Après la métaphore ferroviaire, voici donc la métaphore horticole.

MÉTAPHORES FERROVIAIRES : DES LOCOMOTIVES DANS LA CAMPAGNE - du 18 février 2017

Le « désherbage » est en effet « la désaffectation de livres dont l’état ne permet plus d’être utilisés par le public » précise l’article. Du coup, notre bouquin, pourrait bien se retrouver dans le « placard contenant les livres destinés au pilon » que nous montre la photo. Au pilon ! pas au Fillon grand-père ! Fillon, tu sais bien qu’il est aux manettes de la locomotive de la Victoire, et qu’il a pas le temps de lire en ce moment !

Même pas le temps de lire les deux notes de lecture de Pénélope alias Pauline Camille ?

Pauline Camille ? Connais pas !

Pas possible ! Allez pas me dire que vous n’avez pas lu les deux notes de Pénélope ? Et n’allez pas penser, mauvais esprits, qu’il s’agirait de notes de frais salées, car il s’agit en fait de notes de lectures !

C’est vrai que c’est déjà une vieille affaire que tout le monde commence à oublier depuis que la locomotive de la Victoire s’est mise en marche !

Pourtant, le 26 janvier 2017 Marianne publiait un article intitulé « Voici les deux notes à 100 000 € de Pénélope Fillon pour la « Revue des deux mondes ».

L’article indiquait que « les preuves concrètes du travail effectué par Madame Fillon ne peuvent pour l'instant se résumer qu'à deux notes de lecture, publiées en septembre et octobre 2012 à la toute fin de la revue, sous le pseudonyme "Pauline Camille". Ces notes, les voici : la première fait 2.500 signes, s'étale sur deux colonnes et concerne un ouvrage du romancier Lucien Azay, récompensé par le prix de La Revue des deux mondes en 2012. La seconde, publiée le mois suivant, est encore plus courte : moins de 1.000 signes consacrés à l'essayiste William Marx, lui aussi sélectionné à l'occasion du même prix »

Voilà des feuilles qu’on commence à oublier. D’ailleurs, celles-là, elles risquent pas d’aller au « désherbage », vu que notre bibliothèque n’est plus abonnée depuis des lustres à la respectable revue ! Heureusement, car vu le prix qu’ont dit elles ont coûté c’eût été dommage de les pilonner. Non pas de les fillonner grand-père ! Ça suffit déjà bien de Fillon pour nous fillonner !

La seconde note de lecture de "Pauline Camille" concerne un ouvrage de William Marx, « Le tombeau d’Œdipe pour une tragédie sans tragique ».

Non rassurez-vous, bonnes gens, Pénélope n’est pas marxiste. La note, très courte, commence ainsi : « La quête de l’insaisissable vérité de la tragédie antique devient un beau plaidoyer pour avouer l’impossibilité de l’atteindre ».

Remplacez « tragédie antique » par « pantalonnade politique » et cette phrase vous apparaîtra soudain d’une actualité saisissante !

La conclusion de la note, à 20 lignes à peine de son début est tout aussi éclairante : « En concluant à notre incapacité à le connaître, Marx est mené à souhaiter « un congé bien mérité au concept du tragique » en faveur d’un abandon à la grâce de son mystère ».

Remplacez « concept du tragique » par fin mot de l’histoire et tout le monde sera content. Finalement ce Marx, il a du bon ! Et la glose de Pauline sur Marx, avouez quand même que c’est pas de la bibine !

Du coup, notre comité de lecture a décidé d’ouvrir gratuitement nos colonnes à Pauline Camille !

Aujourd’hui Claudi a invité Prévert et ses feuilles mortes dans le Square de la Revue du beau monde. Un square doré sur tranche, où le bel automne 2012 fut semble-t-il un âge d’or !

https://www.youtube.com/watch?v=_8ASku7_rnM

Mais vous savez, les petites notes, comme les feuilles mortes, « le vent du nord les emporte dans la nuit froide de l’oubli ». L’amnésie, n’est-ce pas le moteur d’une vraie démocratie ? Surtout depuis que Nicolas a ramassé la feuille morte François avant qu’elle ne soit balayée !

Des feuilles et des notes qu'on ramasse à la pelle

Des feuilles et des notes qu'on ramasse à la pelle

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 20 février 2017 (J+2987après le vote négatif fondateur)

Publié dans Revue de presse

Retour à l'accueil