CHARMOY-CITY : LES PHILOSOPHES, LE POLYÈDRE ET LA MÉDIATHÈQUE- du 23 novembre 2017 (J+3263 après le vote négatif fondateur)

   Nous avons récemment vu que les projets ne manquaient pas dans notre bonne ville. Si, pour l’heure, les projets de revitalisation du centre-bourg sont les grands absents de la presse, il n’en est pas de même des projets de changement de structure concernant divers édifices publics.

    Ainsi de la salle du Vannois et de ses fameux poteaux dont nous pensons à présent avoir fait un tour exhaustif de la question.

CHARMOY-CITY 1998 : LA CHUTE DES « CHAIS PARROT », UNE HISTOIRE DE POTEAUX- du 20 novembre 2017

     Dans son numéro de lundi dernier 20 novembre, Le Bien Public publiait un article intitulé « AUXONNE INFRASTRUCTURE La nouvelle médiathèque sera prête dans deux ans ».

     L’article brosse à grands traits le projet de médiathèque, et nous laissons à nos lecteurs le soin d’en prendre connaissance, attirant seulement leur attention sur ce passage relatif à la transformation de « l’ancienne structure » :

    « Pour ce qui concerne l’ancienne structure, elle sera transformée, en cherchant à conserver son caractère et son cadre historique, avec une salle d’étude dédiée au fonds du patrimoine local. De plus, il s’agira d’un espace qui pourra, dans le futur, constituer un pôle de référence sur Napoléon Bonaparte, selon le troisième adjoint. Il sera de forme polyédrique et permettra aux usagers d’avoir une autre perception de la culture. »

     Les amis et les habitués de la bibliothèque connaissent bien cette « ancienne structure » que constitue la magnifique salle renfermant le fonds ancien. « Son caractère et son cadre historique » en font un lieu  tout particulièrement indiqué pour accueillir « une salle d’étude dédiée au fonds du patrimoine local ».

     En ce qui concerne le « pôle de référence sur Napoléon Bonaparte », ne vaudrait-il pas mieux rattacher cette fonction au musée actuellement en projet, musée dont la vocation napoléonienne est évidente.

CHARMOY-CITY : AVATAR(S) POUR UN MUSÉE (3)  - du 16 octobre 2017

    Un « pôle de référence sur Napoléon Bonaparte », d’essence essentiellement numérique, accessible en ligne et évolutif, constituerait ainsi une ressource indispensable et à plusieurs niveaux tant à destination du public virtuel touristique ou scolaire, que des personnels du musée dans l’exercice de leurs missions.

    Venons-en maintenant à la dernière phrase du passage d’article cité. À propos de l’ « espace » que nous avons évoqué, il y est dit :

« Il sera de forme polyédrique et permettra aux usagers d’avoir une autre perception de la culture. »

     Avouons-le, cette phrase est pour le moins énigmatique. Quel est le polyèdre en question ? Et quelle est cette « autre perception de la culture. »

     À défaut de pouvoir répondre, nous proposons à nos lecteurs un extrait de La Nausée de Jean-Paul Sartre qui propose une « perception » possible, certes un peu datée, de la « culture » en bibliothèque :

   « Nous montons l'escalier. Je n'ai pas envie de travailler. Quelqu'un a laissé Eugénie Grandet sur la table, le livre est ouvert à la page vingt-sept. Je le saisis machinalement, je me mets à lire la page vingt-sept, puis la page vingt-huit : je n'ai pas le courage de commencer par le début. L'Autodidacte s'est dirigé vers les rayons du mur d'un pas vif ; il rapporte deux volumes qu'il pose sur la table, de l'air d'un chien qui a trouvé un os. « Qu'est-ce que vous lisez ? »

     Il me semble qu'il répugne à me le dire : il hésite un peu, roule ses grands yeux égarés, puis il me tend les livres d'un air contraint. Ce sont La tourbe et les tourbières, de Larbalétrier, et Hitopadèsa ou l'Instruction utile, de Lastex. Eh bien ? Je ne vois pas ce qui le gêne : ces lectures me paraissent fort décentes. Par acquit de conscience je feuillette Hitopadèsa et je n'y vois rien que d'élevé.

Trois heures.

     J'ai abandonné Eugénie Grandet. Je me suis mis au travail, mais sans courage. L'Autodidacte, qui voit que j'écris, m'observe avec une concupiscence respectueuse. De temps en temps je lève un peu la tête, je vois l'immense faux col droit d'où sort son cou de poulet. Il porte des vêtements râpés, mais son linge est d'une blancheur éblouissante. Sur le même rayon il vient de prendre un autre volume, dont je déchiffre le titre à l'envers : La Flèche de Caudebec, chronique normande, par Mlle Julie Lavergne. Les lectures de l'Autodidacte me déconcertent toujours.

    Tout d'un coup les noms des derniers auteurs dont il a consulté les ouvrages me reviennent à la mémoire : Lambert, Langlois, Larbalétrier, Lastex, Lavergne. C'est une illumination ; j'ai compris la méthode de l'Autodidacte : il s'instruit dans l'ordre alphabétique.

   Je le contemple avec une espèce d'admiration. Quelle volonté ne lui faut-il pas, pour réaliser lentement, obstinément un plan de si vaste envergure ? Un jour, il y a sept ans (il m'a dit qu'il étudiait depuis sept ans) il est entré en grande pompe dans cette salle. Il a parcouru du regard les innombrables livres qui tapissent les murs et il a dû dire, à peu près comme Rastignac : « À nous deux, Science humaine. »

   Voilà une « perception de la culture » ambitieuse ! Reste maintenant à trouver le polyèdre !

   Claudi s’est creusé la tête et a donné sa vision originale du problème qui met en scène deux philosophes, Jean-Paul Sartre (1905-1980) et son ami Maurice Merleau-Ponty (1908-1963), philosophe de la « perception » par excellence.

P.S. : Nos lecteurs pourront encore se reporter utilement à une récente publication du site facebook de « Une dynamique pour Auxonne » sur le sujet.

Charmoy-City, les philosophes, le polyèdre et la médiathèque

Charmoy-City, les philosophes, le polyèdre et la médiathèque

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 23 novembre 2017 (J+3263 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Revue de presse

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