CHARMOY-CITY : ICI COMME AILLEURS, DEMAIN C’EST LA RENTRÉE ! - du 31 août 2020 (J+4275 après le vote négatif fondateur)
31 août 2020CHARMOY-CITY : ICI COMME AILLEURS, DEMAIN C’EST LA RENTRÉE ! - du 31 août 2020 (J+4275 après le vote négatif fondateur)
Demain 1er septembre, un grand évènement annuel cher aux médias reviendra, un marronnier propice aux bons papiers des journalistes : la rentrée des classes. Une rentrée particulière dont l’ambiance générale devrait être marquée par la persistance de la pandémie de COVID 19.
Un challenge de plus donc, pour des enseignants dont la mission est loin d’être simple !
Pour quitter un instant les sujets sérieux, ce devrait être aussi la rentrée d’une institution typiquement charmoysienne : l’incontournable page facebook Auxonne Info - Actus & Débats active depuis janvier 2019 et qui vient de changer de nom en devenant Auxonne Live, comme nous l’avions déjà signalé avant-hier dans notre précédent article.
CHARMOY-CITY : « MINIMUM MINIMORUM » (CMGV-3) - du 29 août 2020
Après ce détour par le firmament médiatique de notre belle cité, retournons pour un jour à l’école, à la veille de ce jour de rentrée !
La rentrée… un évènement à présent un peu lointain pour votre serviteur qui a raccroché la blouse blanche depuis pas mal d’années, sans même avoir décroché les Palmes, et qui avait décroché son CAPES en…1968 ! La bonne cuvée, comme le sera sans doute la cuvée 2020 !
N’empêche qu’il y a quelques jours, j’ai fait un vrai cauchemar de rentrée….
Vous savez, sans doute, de quoi je veux parler, cher(e)s jeunes collègues, un gentil cauchemar, du genre de ceux où l’on se trompe de jour ou d’heure, où l’on trouve la salle qu’on vous avait désignée déjà occupée, ou mieux encore, bondée de sauvageons hilares campés sur les tables !
De ceux encore où l’on parcourt la foule grouillante d’un immense préau avec un costume dont on a oublié d’enfiler le bas ou plus rarement le haut, et pour les enseignants d’aujourd’hui, dont on a oublié le masque ! Toutes ces horreurs oniro-psychiques dont on se réveille plein de panique !
Chaque métier laisse des séquelles. Pour l’enseignant de terrain au long cours, la sale vieille manie de pérorer, de vendre de la salive, et le cauchemar de rentrée peuvent être deux d’entre elles !
Mais de ces deux séquelles, seule la seconde est véritablement spécifique de l’enseignant antique, blanchi sous le harnais. La première sévissant à présent dans une large fraction de la population de notre ère médiatique en toc.
Par bonheur, Monsieur le Ministre de l’Éducation Blanquer vient d’annoncer un « Grenelle des professeurs » !
À la bonne heure ! Je pense que c’est un bon créneau et l’occasion rêvée pour nous, de monter une association pour exiger, au profit des retraités affectés du CRPRC (Cauchemar de Rentrée Post-Retraite Chronique), une juste indemnité !!!
Des dollars pour nos cauchemars !
Pourquoi se gêner en ces temps de révolution pédagogique !
Révolution pédagogique ?
Oui Madame ! À preuve, « L’échec scolaire n’existe pas » titre un ouvrage à paraître le 3 septembre prochain.
Pour l’avoir bien souvent rencontré, cet échec, au cours d’une longue et obscure carrière d’enseignant titulaire du secondaire, nous nous garderons bien d’une affirmation aussi péremptoire !
Mais une chose est sûre cependant : plus modestement le CRPRC (Cauchemar de Rentrée Post-Retraite Chronique) existe bel et bien et nous l’avons rencontré ! Et aucune lecture de doctes pédagogues de plume et de chaire ne nous en guérira jamais ! Même s’ils nous jurent que « l’échec scolaire n’existe pas ».
« Une fourmi de 18 mètres, ça n’existe pas », bien d’accord ! Mais la lutte contre l’échec scolaire qui existe lui, restera un travail de fourmi à charge des fantassins de terrain ! Et ne disparaîtra pas, par un coup de baguette magique du jour au lendemain. Pas vrai Albin ?
Exceptons cependant de la prose pédagogique livresque Poème pédagogique témoignage d’Anton Makarenko, homme de terrain, ami et disciple de Gorki.
Ouvrage hélas bien oublié !
Donnons en un court extrait tiré du chapitre 2 ( intitulé « Les débuts inglorieux [sic] de la colonie Gorki ») du tome 1 de l’édition en français en 3 volumes (pp.27-28) :
« Les premiers mois de notre expérience ne furent pas seulement pour moi et mes camarades une période de désespoir et de tension impuissante, — ils furent aussi passés à la recherche de la vérité. De toute ma vie je n’ai lu autant d’ouvrages pédagogiques qu’en cet hiver de 1920. […]
« Le principal bénéfice que je retirai de ces lectures, fut la conviction qui se mua soudain en certitude, qu’elles ne mettaient en main nulle science et nulle théorie, et qu’il fallait tirer celle-ci des phénomènes réels qui se passaient sous mes yeux. Je ne le compris même pas d’abord, mais je le vis simplement : je n’avais que faire des formules livresques, étant de toute façon incapable de les appliquer aux faits, mais j’avais besoin d’analyse immédiate et d’action immédiate. »
Et Makarenko, poursuivit ainsi avec ténacité son cheminement pragmatique, ne réglant pas son sentiment de désespoir impuissant, par une trop facile dérobade !
Voilà aussi sans doute le destin de nombre d’enseignants obscurs de terrain…
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 31 août 2020 (J+4275 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Analyses et réflexions