AUXONNE : SÉANCES POISSONNEUSES AU CINÉMA L'EMPIRE - du 27 août 2025 (Jour 429 de la nouvelle ère de Chantecler)

Le cinéma l'Empire connaît actuellement sa période de fermeture annuelle. Peu avant cette fermeture, intervenue le 19 août dernier au soir, nous avions publié un article éclectique sur quelques projections marquantes de la première quinzaine d'août.

AUXONNE : SUSPENSE AU NAPOLÉON AU CINÉMA L'EMPIRE - du 16 août 2025

Les premiers jours de la deuxième quinzaine devaient ramener dans nos filets cinéphiliques quelques poissons et beaucoup d'émotions.

Nous aurions pu tout aussi bien intituler la chronique frétillante qui va suivre : Le requin et la morue.

Cette chronique concerne deux films tournés à près un siècle d'écart (1935-2025) qui se déroulent aux antipodes tant au plan géographique qu'au plan culturel.

Le premier que nous avons visionné s'intitule « Dangerous animals », c'est un perdreau de l'année 2025 bien qu'il traite de requins, de requins bouledogues en particulier. Il se déroule sur la côte est de l'Australie dans l'état de Queensland au bord de la Mer de Corail, plus précisément à Surfers Paradise au nom évocateur, longuement évoqué en images dans le film. La Nouvelle-Calédonie est, à la louche, à 1000 km au nord-est de ce paradis des surfers.

L'action se déroule aussi largement en Mer de Corail. Le spectateur navigue ainsi sur un rafiot immonde doté d'une grue portant une cage dans laquelle les amateurs d'émotions fortes peuvent admirer « sans danger » et en plongée les requins appâtés préalablement par Tucker, le patron du rafiot, avec quelques seaux de bouillie sanglante.

On découvre bien vite quez le même Tucker accroche à l'occasion et « hors-cage » une nana esseulée pour une partie requinesque dont il réalise avec art une cassette vidéo. De ces cassettes, le gaillard en a une pleine armoire impeccablement classée, avec mèche de cheveux de la nana au dos de la vidéo. En un mot Tucker est un parfait cinglé.

Pour interrompre enfin sa sinistre carrière, il faudra rien moins qu'un couple d'occasion super retaillé : Zéphyr, une nana aussi hardie que déjantée, qui à défaut de chance a un courage immense et Moses, un fils de famille pété de thune et grand surfer séduit par la beauté et le charisme de la personne.

Tout est dit.

Revenons à présent aux antipodes et 90 ans en arrière dans la ville de la Bonne Mère avec le film « Merlusse » de Marcel Pagnol.

La merlusse, en marseillais, c'est la morue. La morue séchée, bien entendu, car avant d'être morue, elle est d'abord cabillaud que l'on va pêcher en Atlantique Nord comme l'a immortalisé Pierre Loti dans son roman Pêcheurs d'Islande qu'avait à coup sûr lu Pagnol.

Comme chantait Jacques Brel, « ça sent la morue jusque dans l'cœur des frites ». Oui, si le requin sent le sang, la morue ça sent !

Dans le film de Pagnol, c'est un brave homme, défiguré par un œil perdu dans la Grande Guerre et resté célibataire, personnel de surveillance au Lycée Thiers de Marseille qui entend le quolibet « Merlusse » siffler à ses oreilles, parce-qu'il sent, le povre !

Les élèves sont impitoyables, ils savent mettre dans le mille là où ça fait mal !

Merlusse se voit désigné, un soir de Noël pour surveiller une bande de gamins de tous âges et de tous milieux, un peu délaissés par leurs familles et restés pour le coup au lycée.

Un miracle s'opère, on passe progressivement des senteurs aux sentiments. Merlusse se révèle un homme plein de cœur et de courage. De cette nuit de Noël, il sortira grandi au yeux des élèves et promu par sa hiérarchie ! À la bonne heure !

De la finesse, du cœur, et des dialogues comme on n'en fait plus !

Inutile de vous dire que L'Empire a fait meilleure pêche avec le premier film qu'avec le second !

Séances poisonneuses à l'Empire

Séances poisonneuses à l'Empire

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 27 août 2025 (Jour 429 de la nouvelle ère de Chantecler)

Publié dans Côté cinéma

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