LIRE ET RELIRE AVEC SAMUEL JOHNSON… ET AVEC PERSÉVÉRANCE (1) - du 10 JANVIER 2015 (J+2215 après le vote négatif fondateur)

L’actualité a bouleversé notre programme, mais nous ne pouvions faire silence sur ce qui vient de se passer. À présent chacun doit retourner à sa tâche, car c’est à l’honnête travail rigoureux et bien fait du libre travailleur (ne lisez pas forcément travailleur indépendant car on peut être salarié ou, « pire encore », retraité ou chômeur, et travailler librement dans sa tête) que tient d’abord l’avenir d’un pays. Mais, comme chacun sait, le libre travailleur, citoyen d’une république adulte, est encore en projet. Cabu le savait bien, lui, l’honnête et vaillant travailleur de la caricature. Il nous faut suivre son exemple, et poursuivre le travail avec courage.

La politique se fait déjà à la corbeille, il ne manquerait plus, qu’à présent, on nous la fasse au corbillard. Drapeaux, insignes, écharpes, slogans, discours, la belle union ne durera qu’un jour !

J’ai donc décidé de rejoindre dès que possible ma chronique du Charmoy, car comme dirait Robert Half : « La persévérance, c'est ce qui rend l'impossible possible, le possible probable et le probable réalisé. » [Robert Half ]. Je n’affectionne pas particulièrement les citations ronflantes, surtout lorsqu’elles sont signées d’un stakhano-tayloriste d’Outre-Atlantique à faire pâlir d’envie nos patrons du CAC 40, mais celle-là, impayable, je l’ai trouvée sur le même blog où j’ai dégotté Samuel Johnson, alors tu comprends Pépère, je persévère !

Robert Half ne m’enthousiasme guère dans son art accompli de « faire suer le burnous » avec le maximum de rendement chez l’oncle Sam. Un autre Sam en revanche, m’a conquis, Samuel Johnson. C’était un travailleur acharné et rigoureux, il tirait le diable par la queue, adorait les chats, avait une ironie mordante et savait tenir le langage qu’il faut aux « grands » de ce monde.

Je vous ferai profiter plus tard, cher(e)s lecteurs/trices, dans le deuxième volet de cet article, des enseignements que j’ai tiré, pour ma chronique du Charmoy, de l’étude de Samuel Johnson. En préalable et comme transition, je voudrais, vous offrir aujourd’hui un morceau de sa prose qui pourrait aller comme un gant à tous les récupérateurs qui ne vont pas manquer de se révéler puis de se bousculer dans les jours d’histoire que nous sommes en train de vivre.

Quand Lord Chesterfield – qui n’était pas un fabricant de cigarettes mais, comme beaucoup de « grands » de ce monde, un habile récupérateur – se mit enfin à s’enticher du pauvre Samuel, ce dernier lui écrivit :

« Sept années ont passé, Monseigneur, depuis que j’ai attendu dans votre antichambre, ou que j’ai été repoussé de votre porte. Et pendant ce temps, j’ai poursuivi mon œuvre, me heurtant à des difficultés dont il est inutile de me plaindre, la menant aujourd’hui enfin à la veille de sa publication, sans un seul acte d’assistance, sans une parole d’encouragement, sans la faveur d’un sourire. Je ne m’attendais pas à être traité de la sorte, car je n’avais jamais eu de Protecteur.

Est-ce qu’un Protecteur, Monseigneur, est un homme qui regarde avec indifférence un de ses semblables qui se débat dans l’eau pour ne pas se noyer et qui, lorsque ce dernier atteint la rive, se précipite à son secours ? […]

J’espère ne pas être cynique en ne reconnaissant pas d’obligations pour des bienfaits que je n’ai pas reçu, et en étant désireux que le public ne considère pas mon œuvre comme redevable à un Protecteur, alors que ma seule dette est envers la Providence »

C’était un mec bien ce Samuel Johnson, un mec franc du collier qui tirait son sillon avec persévérance mais n’aimait pas qu’on lui tire la couverture. Il n’était pas vraiment un adepte du déroulage de tapis et du cirage de pompes !

Et il s’est empressé d’envoyer bouler le Lord Chesterfield lorsque celui-ci, tout ému et tout copain-copain, se sentit soudainement la vocation d’être un fan et un protecteur de Samuel !

Bien entendu, tout cela c’est de la vieille histoire, anglaise au surplus !….et n’a sans doute aucun rapport avec l’actualité !

No my lord !

No my lord !

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 10 Janvier 2015  (J+2215 après le vote négatif fondateur)

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