EXPECTATIVE À CHARMOY-CITY - du 3 novembre  2016 (J+2878 après le vote négatif fondateur)

     L’ami Beckett a su démontrer avec génie que l’attente est un passe-temps fécond, du moins quand on attend Godot. Il arrive aussi que l’attente déçue tourne au drame : pour les grands cuisiniers, comme pour les empereurs. Pour Vatel, comme pour Napoléon ! La marée est en retard et le cuisinier s’embroche. Grouchy n’est pas au rendez-vous et l’empereur mange son chapeau.

     Si l’on s’en réfère au Bien Public d’hier 2 novembre, à Charmoy-City, hier, c’était l’attente. Le titre parle de lui-même : « les migrants se font attendre »

     Selon l’article cité, les émules calaisiens de Grouchy tardaient à arriver : « ils devaient arriver le 17 octobre : ils ne sont toujours pas là ». Et les conséquences médiatiques de ce retard étaient dépeintes en ces termes : « le « retard » des migrants fait naître les rumeurs les plus folles ». Quelles rumeurs ? Reportez-vous à l’article d’hier et vous en prendrez connaissance. Comme dirait l’autre : « Se non è vero,  è bene trovato ! »

       Il se peut que je manque d’imagination, car la lecture de l’article a été pour moi une vraie découverte. Je dois maintenant préciser que je n’avais pas encore ouvert mon journal lorsque j’ai croisé devant l’église, peu après les douze coups de midi, une jeune personne brune qui m’a abordé avec le sourire.       

       Elle enquêtait, non pas pour la revitalisation, mais pour France Bleu Bourgogne, sur le sujet que nous venons d’aborder, et n’avait visiblement rien appris à la mairie. La place était déserte et le passant rarissime. Je la sentais en mal d’interview, elle se montrait insistante et quelques mots de ma part l’auraient visiblement arrangée.

       Hélas ! La pauvrette est repartie bredouille, elle attend encore ma réponse, et je la prie de m’en excuser. C’est que je n’avais aucune information pertinente à lui donner. Je n’allais pas les inventer, ce n’est pas mon métier ! Si au moins j’avais lu le journal, j’aurais pu lui conseiller de l’acheter !

   Quelques heures plus tard, vers 17 heures, un reportage de Soizic Bour sur France Bleu Bourgogne annonçait : « ils sont arrivés. Une trentaine de migrants vont dormir ce soir dans le CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation) d’Auxonne […] » Moralité,  « les migrants se font attendre », ce n’est déjà plus d’actualité.

   Tout est bien qui finit bien, Soizic Bour a eu son info, même si, dans son reportage, les réactions auxonnaises se résument à cette ligne : « Les habitants d’Auxonne sont très partagés quant à leur venue ».    

   Restent à présent d’autres attentes qui ne manquent pas et dont chacun dressera la liste à sa guise : revitalisation du centre-bourg, hôtel du Charmoy, doublement du port. Arlette et Gaston, quant à eux, attendent toujours fidèlement le minibus de 9h47.

En attendant le minibus de 9H47

En attendant le minibus de 9H47

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 3 novembre 2016  (J+2878 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Revue de presse

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