AUSTERLITZ (1805), AUXONNE (1954), HISTOIRES GLACÉES- du 5 décembre 2023 (J+5466 après le vote négatif fondateur)
05 déc. 2023AUSTERLITZ (1805), AUXONNE (1954), HISTOIRES GLACÉES- du 5 décembre 2023 (J+5466 après le vote négatif fondateur)
Pour des raisons familiales nous avions déserté depuis plusieurs années les salles de cinéma. Grand amateur de salles obscures, nous avons mis fin récemment à cette triste retraite à l'occasion de deux soirées ciné-débat.
Nous avions évoqué la première dans notre précédent article
Le 1er décembre dernier se tenait en effet à Dole, au cinéma des Tanneurs, un ciné-débat animé par qui vous savez à propos du NAPOLÉON de Ridley Scott. Les curieux et les fanas Napo trouveront plus de détails dans notre dernier article en lien ci-dessous.
DOLE : RENCONTRE IMPÉRIALE LA VEILLE DU 2S - du 29 novembre 2023
Il est de bon ton de décrier à tout va ce biopic très british et de se joindre au chœur des censeurs impériaux, ce que, pour notre compte, nous ne ferons pas.
En dépit des inexactitudes et autres levrettes émaillant et pimentant la grande fresque (Non ! Pas la grande fesse grand-père !) nous avons résolument joui du spectacle sans préjugés et sans cuistrerie. La glace d'Austerlitz bombardée par les boulets de l'artillerie française et cédant sous le galop de la cavalerie russe qui sombre dans l'eau glacée. Voilà une scène glaçante qui ne laisse pas de glace !
Voilà pour la première histoire glacée !
Quittons à présent les grandeurs et servitudes militaires et les prouesses guerrières pour entrer dans le champ de la misère.
Le lendemain de notre soirée cinématographique doloise, le 2 décembre précisément, nous récidivions en salle obscure pour un ciné-débat « Emmaüs-Abbé Pierre ». Où donc me direz vous ?
Non, pas aux Tanneurs dans la cité de Pasteur !
Mais au cinéma l'Empire, notre beau cinéma auxonnais récemment et très opportunément rouvert.
Bon public, nous avons apprécié le film, il est vrai beaucoup plus prude que celui de Ridley Scott, mais qui montre de façon très délicate que l'Abbé Pierre, pour être une icône, n'en était pas moins un homme de chair.
L'assistance était franchement plus nombreuse qu'à Dole, la veille aux Tanneurs. À propos du terrible hiver 1953-54, l'écran, comme à Austerlitz, se couvrait d'images de neige et de glace. Sans sabres ni canons ! Le spectacle glaçant et sans gloire de la misère à la rue dans l'hiver...
Lors du débat qui suivit, trouvant l'Abbé Pierre, celui de l'hiver 1954, un peu oublié par le public au profit de ses continuateurs actuels d'Emmaüs, votre serviteur est intervenu car une image d'enfance lui était revenue lors de la projection : celle des rigueurs du terrible hiver 1953-1954.
En ce temps-là, les familles modestes de cette époque à Auxonne, au nombre desquelles la mienne comptait, vivaient dans des conditions de confort plus que précaires.
Aux yeux de nos contemporains et selon les critères actuels, ces conditions confinaient presque à la misère.
Dans ma contribution au débat, j'ai rapporté cela et évoqué notamment les rues d'Auxonne de l'hiver 1954 tout encombrées d'une glace douteuse due au rejet direct des eaux usées dans le caniveau. Mes yeux d'enfant ne voyaient pourtant pas dans cela le moindre signe de misère. On était « des purotins dans la purée », on était « fauchés comme les blés », des « macaronis » en plus, pas des gens du « gratin », mais j'avais un père, une mère et deux frères, et un poêle au coin duquel se chauffer sur lequel trônait la cafetière plus chicorée que café.
Interrompons ici radio-nostalgie. J'ai voulu chercher des preuves de ce que je raconte-radote sur des traces écrites du passé.
Les bulletins paroissiaux Notre-Dame d'Auxonne de l'époque, celle de l'inoubliable Chanoine Cornier auquel je rends hommage et qui est de ces bons maîtres qui m'ont formé, se sont révélés pour moi d'un précieux secours.
Je vous en livre la lecture qui rend bien la température sociale et météorologique de l'époque.
Entre la pèlerine du Pèlerin 1954 et la palme de de Cannes 2023, Claudi a trouvé son inspiration du jour...
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 05 décembre 2023 (J+5466 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Côté cinéma