CONVERSATIONS AVEC PHILOMÈNE (1) - du 21 JUILLET 2016 (J+2773 après le vote négatif fondateur)
21 juil. 2016CONVERSATIONS AVEC PHILOMÈNE (1) - du 21 JUILLET 2016 (J+2773 après le vote négatif fondateur)
Claudi sent déjà qu’il va avoir du pain sur la planche, il m’interroge sur le choix de ce nouveau feuilleton d’été « Conversations avec Philomène ». Je lui réponds, ainsi qu’aux lecteurs/trices qui se poseraient la même question. Villers-lès-Pots est à la une dans nos médias municipaux, on s’intéresse à son maire… Alors, emboîtant le pas vers les pots, pourquoi ne pas s’intéresser à sa sainte.
Voici donc le reportage exclusif de notre correspondant Jean-Marie Vianney contacté par la sainte après que celle-ci ait lu le dernier Inf’Auxonne
C’est au pied des gradins de notre Vieux-Port, dans la soirée du vendredi 15 juillet dernier que Jean-Marie a rencontré Philomène qui souhaitait s’exprimer.
Un crépuscule rosissant se mirait encore dans le glacis paisible de la Saône lorsqu’une forme blanche s’approcha du rivage dans un bruit d’ailes battant l’onde. C’était la nef de Philomène tirée par quatre cygnes. La nef accosta, une jeune fille en descendit vêtue d’azur et de lin blanc et portant à grand peine une ancre très lourde.
Philomène : « Ne vous étonnez pas de ce fardeau que je traîne, Jean-Marie, ne vous donnez pas la peine, je me débrouille ! »
Et ce-disant, déposant dans un tintement métallique le lourd objet sur le premier gradin, elle poursuivit soulagée : « Cette ancre est mon enseigne, on dit que je fus un temps patronne des mariniers de la Saône, quand les gradins de ce port étaient dans leur jeunesse…Mais dites-moi, Jean-Marie, ne seriez-vous pas un parent du Curé d’Ars ? »
Jean-Marie : « À vrai dire, pas du tout, ce n’est que simple homonymie ! »
Philomène : « C’est que je dois une fière chandelle à ce saint homme, sans lui je ne serais pas là. C’est à lui que je dois la dévotion qu’on me porte. Les bienfaits et les grâces qu’il dispensait, dans sa grande humilité, il les a attribués à moi seule. »
Jean-Marie : « Mon homonyme le Curé d’Ars était donc un homme plein de modestie et d’humilité ! »
Philomène : « Oui ! D’une humilité sans bornes ! Toutes proportions gardées, il paraît que c’est aussi le cas du premier magistrat de ce lieu qui « ne cherche pas à être mis en avant », c’est du moins ce qu’il déclare dans le dernier inf’Auxonne »
Jean-Marie : « Mais à propos, Philomène, vous a-t-on fait bon accueil dans notre cité ? »
Philomène : « À vrai dire, on n’en a pas eu l’occasion, car je suis là incognito, d’ailleurs je suis descendue à Villers-les-Pots, où j’eus jadis un pèlerinage et une chapelle. J’y’ai encore quelques adeptes et un petit pied-à-terre. »
Jean-Marie : « Un pied-à-terre au pays de la terre cuite, voilà qui n’est pas mal !»
Philomène : « Vous avez de l’esprit Jean-Marie, mais plus que la terre, ce sont les carottes qui sont cuites. Vous me voyez à présent dans la gêne et presque dans l’oubli. Les fours qui cuisaient à Villers des centaines de petites statuettes à mon image sont depuis longtemps éteints. Et puis avec l’aggiornamento, je n’ai même plus mon nom au calendrier, n’étant plus en franche odeur de sainteté depuis 1961.»
Le soir tombait, l’instant était mélancolique et pour comble de détresse un souffle de vent soudain rabattit sur les gradins un puissant relent de frites mêlé au brouhaha d’une foule en liesse, rythmé par le son des tambourins. Jean-Marie s’empressa de consoler Philomène.
Jean-Marie : « Ce sont des choses qui arrivent. Pendant un temps on a son petit royaume, sa petite cour et puis, sans trop savoir pourquoi, on se retrouve… tout nu… comment dire plus décemment… comme un évêque in partibus ! »
Mais Jean-Marie faisait fausse route car, contre toute attente, cette présence humaine bien tangible en haut des gradins semblait en fait réjouir Philomène.
Philomène : « Laissez tomber Jean-Marie avec vos partibus ! Et pourquoi pas le minibus pendant que vous y êtes, et aussi le frontibus et le nasibus ! Je ne suis pas ici pour entendre vos jérémiades, je suis venue pour affaires ! »
À suivre…
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 21 juillet 2016 (J+2773 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Feuilleton 5