L’OR BLEU AU CHARMOY – du 20 octobre 2016 (J+2864 après le vote négatif fondateur)
20 oct. 2016L’OR BLEU AU CHARMOY – du 20 octobre 2016 (J+2864 après le vote négatif fondateur)
L’or bleu, comme chacun sait, c’est l’eau ! Une valeur en hausse qui pourrait bien remplacer l’or noir dans les conflits du siècle à venir.
De l’or bleu nous n’en manquons pas au Charmoy : le réservoir des Granges Hautes en est rempli, et sur les berges du bien nommé Bief Pérou on entend le murmure de ses flots. Mais de cet or bleu du Charmoy, qui n’est pas coté en bourse, la finance ne se préoccupe pas encore.
Mais au fait, de l’or bleu, nous avons déjà parlé il y a bien longtemps.
L’ART DE DÉCOUVRIR LES SOURCES - du 12 novembre 2012
Devons-nous pour autant nous considérer comme un précurseur et un visionnaire alors qu’aujourd’hui le thème de l’or bleu vient défrayer la chronique au Charmoy ?
Défrayer la chronique au Charmoy ? Vous êtes sûr ?
À preuve, le 14 courant, le site facebook de l’hypermarché E.LECLERC du Charmoy à Auxonne, adressait ce message à ses fans « Découvrez et partagez ce reportage TF1 tourné dans votre centre E.Leclerc Auxonne ». D’accord, mais quel rapport avec l’or bleu ?
Quand vous saurez que le reportage en question avait pour titre « Le business de l’eau minérale en plein essor », vous aurez compris. L’eau minérale, c’est un business en or, en or bleu, bien entendu, et en plein essor ! Bourvil l’avait déjà compris !
Si je ne l’ai pas partagé, j’ai cependant découvert le reportage TF1 avec intérêt. Sur 3 minutes, une petite minute est tournée effectivement à l’hypermarché du Charmoy. Le temps de voir le patron et d’apprendre de sa bouche que ses prix s’échelonnent de 0,10 à 0,60 euros le litre en matière d’eau minérale. Vient ensuite, sur fond d’étiquettes diverses et variées le bagout lénifiant d’une speakerine vantant les qualités intrinsèques de l’eau minérale. Pour finir, deux clients arborant une moue quelque peu dégoûtée, confessent bouder l’eau du robinet. Ils la délaissent au profit des crus d’or bleu en bouteille plastique, dont les monceaux sont en vente dans les hypermarchés !
Pourtant, dans le dossier de présentation du projet du Charmoy en 2011, on pouvait lire à propos de la consommation d’eau, cet impératif catégorique : « sensibiliser à une consommation parcimonieuse » (p. 58). Ce vœu d’une tonalité de franciscain méhariste ne concernait évidemment pas les montagnes de packs d’eau offerts au consommateur en rayon, mais seulement l’eau du robinet (pouah !) que ne vend pas encore Leclerc !
Pour en venir à notre reportage, les deux tiers du reportage sont en fait consacrés à l’un des grands, parmi les grands crus d’or bleu, l’eau d’une source remise au goût du jour et dont le captage relooké a nécessité 6 millions d’investissements quelque part entre Lure et Vesoul en Haute-Saône. Un cru aqueux comtois à 2 euros le litre, dont on ne peut dire qu’il soit le moins cher !
Dont le prix, en tout cas sort carrément de la fourchette annoncée au Charmoy, de « 0,10 à 0,60 euros » rappelons-le.
Alors, dites-moi, quel rapport peut-il bien y avoir entre l’hypermarché du Charmoy, défenseur et adepte des petits budgets, et la source Villeminfroy quelque part entre Lure et Vesoul en Haute-Saône, dont « 80% des bouteilles seront exportées à l’étranger » à destination de « nouveaux et riches consommateurs » (l’Est Républicain du 20 juillet dernier).
Le même sans doute qu’il pouvait y avoir entre le projet de zone du Charmoy et les visites de l’hypermarché de Pusey-VESOUL par nos édiles « discrets ». Le même encore qu’il pouvait y avoir entre la consultation de juin 2010 pour cette zone du Charmoy (traduisez LECLERC) et les belles et nombreuses affiches imprimées à LURE et collées par la clique locale des sectateurs de la divine enseigne.
Au prochain conseil, observons bien nos décideurs « discrets ». Peut-être les verrons-nous étancher leur soif inextinguible de transparence dans une eau cristalline prise au goulot d’une « bouteille belle et pratique avec un bouchon épais pour qu’elle soit facile à ouvrir par les personnes âgées » (l’Est Républicain du 20 juillet dernier).
Il paraît aussi que l’exploitant avisé de la source luronne à 2 euros le litre est le créateur d’une chaîne de « moulins », sans meule, mais non sans succès. Alors, pour les amateurs de moulins, après l’or bleu, pourquoi pas aussi un « moulin » au Charmoy ?
ON NE PEUT PAS ÊTRE AU FOUR ET AU MOULIN - du 19 DÉCEMBRE 2014
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 20 octobre 2016 (J+2864 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Figures libres