BONAPARTE À AUXONNE : UNE SOMBRE HISTOIRE DE BAIGNADE - du 14 septembre 2022 (J+5019 après le vote négatif fondateur)
14 sept. 2022BONAPARTE À AUXONNE : UNE SOMBRE HISTOIRE DE BAIGNADE - du 14 septembre 2022 (J+5019 après le vote négatif fondateur)
L’objet du présent article étant, comme l’indique son titre, la « sombre histoire de baignade » de Bonaparte dans la Saône, nous ne parlerons pas aujourd’hui du fameux duel Grosey-Bonaparte évoqué dans Le Bien Public du 3 mai 2021.
Mais que nos lecteurs se rassurent, nos recherches nous ont donné à ce propos encore du grain à moudre pour de prochains articles.
Pour l’heure, revenons à la « sombre histoire de baignade » de Bonaparte telle qu’évoquée dans le même article du Bien Public du 3 mai 2021 en ces termes : « il faillit mourir en allant nager seul dans la Saône « il a [eu] un malaise, et a coulé mais son ventre a heurté un banc de sable et il a pu reprendre connaissance et réagir. Il est rentré au régiment alors que de nombreuses personnes étaient parties à sa recherche »
Sur Wikipédia on peut lire la version suivante du même évènement : « Le jeune lieutenant, comme ses camarades, voulut goûter aux joies de la baignade dans les eaux de la Saône. Ce jour-là, alors qu’il nageait, une crampe le saisit, le fit défaillir et couler. Sa poitrine en touchant un banc de sable fit émerger sa tête et lui permit de reprendre connaissance. Grâce au courant, il réussit à regagner la berge. Tiré hors de l’eau par ses camarades, il vomit beaucoup, se remit de ses émotions, se rhabilla et regagna sa chambre. »
Version quelque peu différente de la précédente...
Nous nous garderons bien d’émettre un avis sur les faits tels qu’évoqués ci-dessus, préférant mettre à la disposition de nos fidèles lecteurs les diverses sources auxquelles ces versions auraient pu être empruntées.
Reportons nous tout d’abord à la source à laquelle se sont abreuvés tant d’historiens : le Mémorial de Las Cases et à sa suite, due au docteur 0’Méara, Napoléon dans l’exil.
On trouve dans l’un et l’autre de ces ouvrages la mention d’une noyade à laquelle aurait échappé le jeune Bonaparte.
Nous citerons ces deux mentions d’après l’édition illustrée du Mémorial en 2 volumes (Paris, Boivin, 1842) en ligne sur Bnf Gallica, en les reproduisant ci dessous en PDF.
Problème de date, problème de lieu, problème de fleuve, il faut avouer que la confrontation de ces deux sources pose problème. Rappelons que Napoléon Bonaparte n’arriva à Auxonne qu’en juin 1788.
Ce dernier détail n’a pas échappé à deux auteurs nés au dix-huitième siècle, donc contemporains de l’Empereur, de surcroît officiers de la Grande Armée : Le Baron de Coston (1780-1848), biographe du jeune Napoléon Bonaparte et Claude Pichard (1795-1883), Auxonnais, maire d’Auxonne et Garde d’honneur de l’Empereur.
UN MAIRE D’AUXONNE AU SERVICE DE L’EMPEREUR - du 4 août 2022
Ces auteurs rapportent le témoignage du Mémorial, Coston sans faire référence au Mémorial, Pichard en s’y référant. Ils en arrivent à des conclusions radicalement différentes. Le mieux est de les lire dans le texte.
Cette brève esquisse bibliographique autour d’une sombre histoire de baignade permet de douter, sinon de la réalité de l’anecdote, du moins de celle des circonstances de temps et de lieu dans lesquelles les faits se seraient déroulés.
C’est ce que fait en substance Frédéric Masson, dans une note en bas de page (voir Napoléon dans sa jeunesse, Paris, Ollendorf, 1907, p. 179). Rendons encore une fois hommage à ce napoléoniste pointu qui n’acquiescerait sans doute pas à la citation relevée hier dans Le Bien Public et venant conclure fort à propos un article annonçant la parution d’un nouveau livre sur Bonaparte : « L’Histoire n’est qu’une série de mensonges sur lesquels on est d’accord »
Claudi a choisi comme image une autre baignade bien militaire, celle des soldats du 10ème de ligne avant 1914. Leur régiment tenait garnison dans l’actuel Quartier Bonaparte.
À bien y regarder, cette baignade des soldats devait se trouver à l’emplacement d’une plage aujourd’hui disparue, la plage Malandain déjà évoquée dans nos colonnes.
UNE PLAGE OUBLIÉE À CHARMOY-CITY - du 29 SEPTEMBRE 2019
Une plage, où votre serviteur, en sa lontaine prime jeunesse, faillit pour de bon (et j’en fus le premier témoin) se noyer….
Et la face d’Auxonne, pour sûr, en eut été changée !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 14 septembre 2022 (J+5019 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire