AUXONNE : MÉMOIRES D'UN AFFOUAGISTE - du 19 Février 2025 (Jour 241 de la nouvelle ère de Chantecler)
19 févr. 2025AUXONNE : MÉMOIRES D'UN AFFOUAGISTE - du 19 Février 2025 (Jour 241 de la nouvelle ère de Chantecler)
Votre serviteur a passé les plus belles heures de la journée d'hier à rentrer à la brassée 5 stères de bois en 33 sous son porche de la rue Carnot. Une activité peu compatible à des cogitations en soirée !
Cogitations qu'il remplacera donc par quelques souvenirs, d'où le titre du jour.
En un demi siècle ce porche vit entrer pas loin de 1000 stères de bois en majorité provenant de notre belle forêt communale des Crochères. Ce n'était pas le cas des 5 stères d'hier qui provenaient d'Outre-Saône.
Revenons à cette journée d'hier. Rien de tel que de rentrer du bois livré sur le trottoir pour un contact avec la rue et les gens qui la peuplent, quand les divers services mécanisés de balayage de la ville ne vous cassent pas trop les oreilles avec leurs décibels...
Quelques élèves du lycée professionnel m'ont soulagé, en passant, de quelques brassées et m'ont permis de renouer dans une libre conversation avec mon ancien métier, hors des voies balisées autant que bornées de l'inspection pédagogique. Je les salue ici.
Cette forêt, votre serviteur la fréquenta beaucoup, du milieu des années 1970 au début des années 1980, en qualité d’affouagiste à l’ancienne.
Avec la crise pétrolière, la pratique de l’affouage connut une quasi-résurrection, le nombre d’affouagistes passant très vite, en une dizaine d'années, d’une vingtaine à la centaine.
En 1975, la cognée était encore largement utilisée par les affouagistes ancien style, même si la tronçonneuse se faisait entendre déjà dans le sous-bois. Je dois à mon voisin de lot, de l’automne 1975, un Monsieur Servelle, d’avoir appris à faire de belles souches avec « mon’hache », à construire ma « bique » pour scier les perches au chant du coucou, et à faire des piles de bois présentables. Il avait alors 70 ans et ce fut mon meilleur professeur en la matière.
Je fis par la suite cinq ou six saisons, entre taillis et têtes de chênes, et au bout du compte pas loin d'une centaines de stères, à la main. Je faisais les trajets en vélo car j’étais déjà « écolo » ! Ce n’était pas encore très à la mode et si vous aviez alors prononcé l’expression « développement durable » on vous aurait à coup sûr pris pour un éleveur de lapins !
Je n’avais pas manqué de remarquer alors dans les Crochères les clairières spectaculaires des « coupes blanches » évoquées dans « L’Écho de la place d’armes », version papier de juillet 1983. (bulletin municipal d'alors) que notre rédaction vous donne à lire en PDF
Les rédacteurs de « L’Écho de la place d’armes », version papier de juillet 1983, n’étaient probablement pas des écolos purs et durs comme le démontre ce paragraphe en fin de texte au verso :
« L’emploi des engins de débardage choquent [sic] les écologistes sensibles. Hélas, il n’existe pas encore, à l’heure actuelle d’autre moyen pour pénétrer dans la forêt afin de l’exploiter. Une reconversion de l’élevage de la région pour la promotion du cheval de trait et de l’âne de bât serait peut être une bonne idée…. »
Ces considérations ironiques autant que devenues désuètes dans notre temps où l'on prétend souver la planète ont inspiré Claudi pour son illustration du jour.