NAPOLÉON BONAPARTE ENTRE AUXONNE ET DOLE (1) - du 28 août 2022 (J+5002 après le vote négatif fondateur)
28 août 2022NAPOLÉON BONAPARTE ENTRE AUXONNE ET DOLE (1) - du 28 août 2022 (J+5002 après le vote négatif fondateur)
Il y a de cela belle lurette, nous évoquions les périples du jeune Lieutenant Bonaparte entre Auxonne et Dole.
BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (12) - du 03 janvier 2018
L’objet de ces périples était alors la publication de son pamphlet intitulé Lettre à Buttafoco chez un éditeur dolois.
Il semble toutefois que les relations « doloises » de Bonaparte aient dépassé la seule fréquentation de l’éditeur-imprimeur dolois (Joseph- François-Xavier Joly).
Une petite brochure publiée en 1911 (Feuvrier J., Napoléon Bonaparte à Dole, Paris, Champion, 1911) et disponible sur Gallica vient élargir ce cercle.
Julien Feuvrier a réalisé ce travail alors qu’il était archiviste de la ville de Dole.
À noter la pertinence des propos de l’auteur qui, dès les premières lignes de son texte souligne la précocité et la prolifération de la production éditoriale autour de la figure de Napoléon Bonaparte.
Depuis plus de deux siècles le phénomène n’a fait que croître et embellir et s’il était encore vivant, notre archiviste en resterait sans doute baba !
Rendons lui hommage à ce propos en citant le premier paragraphe de son texte de 1911 :
« Les publications sur la jeunesse de Napoléon sont innombrables et on les voit déjà éclore avant brumaire [ndlr Chantecler : avant 1799]. Après la longue agonie sur le plateau de Longwood, du géant terrassé [ndlr Chantecler : après 1821], ce fut à qui narrerait les moindres épisodes de ce génie dont la renommée remplissait le monde. »
Que dire de la situation en 2022 ? Nos lecteurs jugeront !
Notre dessein n’étant pas de nous joindre aux myriades d’auteurs édités, passés, présents, et à venir sur le sujet, nous nous contenterons de mentionner ici, à destination des curieux (et auteurs potentiels), et d’après Feuvrier, quelques Dolois que le jeune Bonaparte aurait pu avoir l’occasion de rencontrer.
En premier lieu, Feuvrier cite en page 6, parmi ces Dolois, deux des supérieurs du lieutenant au Régiment de la Fère à Auxonne : les capitaines « Jacques-Philippe-François Masson d’Authume » et « Claude-Joseph de Malet […] frère du général célèbre par ses conspirations contre Napoléon en 1808 et 1812 »
Et à propos de ces deux Dolois, il en ajoute un troisième en note, en bas de la même page.
Voici le texte de cette note : « le lieutenant Bonaparte eut occasion de connaître un autre Dolois, Denis Grosey, qui, dit-on, le blessa en duel d’un léger coup d’épée (M. BOIS Napoléon Bonaparte lieutenant d’artillerie à Auxonne, paris, Flammarion, s.d.) »
Précisons que l’ouvrage de Maurice Bois que cite Feuvrier parut en 1898.
Arrêtons nous un moment sur cet ouvrage et son auteur.
Le Chef de bataillon Maurice Bois, ancien professeur-adjoint de géographie à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, est l’auteur de cet excellent ouvrage rédigé alors qu’il était en garnison à Auxonne au 10ème de ligne à la caserne Chambure (actuel Quartier Bonaparte depuis la fin des années 1930).
Cet ouvrage rédigé à Auxonne, par un officier en garnison à Auxonne, intitulé Napoléon Bonaparte Lieutenant d’Artillerie à Auxonne est, si l’on peut dire, une véritable production auxonnaise. Une production auxonnaise de qualité, trop souvent méconnue, et qui reste pourtant une mine et une excellente référence incontournable pour l’amateur et le curieux.
En témoigne l’hommage que lui rend Jean SAVANT dans l’avant-propos de son ouvrage Napoléon à Auxonne ( Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1946) : « Maurice Bois qui y [ ndlr Chantecler : à Auxonne] vécut un siècle environ après le petit Corse [en] rechercha scrupuleusement les traces »
Aux pages 119 et 120 de son ouvrage, Bois évoque un différend entre Napoléon Bonaparte et le « lieutenant Belly de Bussy logé au-dessous de Napoléon Bonaparte [et qui] sonnait du cor au point d’assourdir ce dernier ». Différend, qui sans l’arbitrage des « camarades » aurait pu avoir un duel pour conséquence. Et qui nous ramènera aux Dolois
Car c’est là que, probablement dans un souci de détail, Bois renvoie en page 120 à une note en bas de page concernant un autre duel « 1. Coston. Napoléon Bonaparte se battit en duel, avec un Dôlois nommé Denis Grosey, sur le rempart situé derrière la Tour du Signe. Bonaparte reçut un léger coup d’épée ».
C’est précisément à cette note que fait référence Feuvrier pour évoquer le duel de Bonaparte avec le dolois Grosey, comme nous l’avons noté plus haut.
Nous allons voir à présent que cette note en bas de page, est sujette à caution, et qu’elle ne constitue pas le meilleur de l’ouvrage de Bois !
Les moyens numériques mis à la disposition des chercheurs et curieux actuels sont sans commune mesure avec ceux dont disposaient leurs prédécesseurs condamnés à se référer au papier et à se transformer en rats de bibliothèques. Notre recherche à propos de ce duel dans l’ouvrage du Baron Coston Biographie des premières années de Napoléon, Bonaparte, Paris et Valence, 1840 s’est révélée infructueuse tant sur l’exemplaire papier que par la voie numérique.
Les faits sont têtus : le Baron Coston ne semble jamais avoir fait mention de ce duel dans son ouvrage de 1840 !
Que le talentueux Chef de Bataillon Bois nous pardonne cette correction vétilleuse, il n’avait pas alors les moyens de recherche dont nous disposons aujourd’hui !
Il nous faudra donc rechercher ailleurs d’autres occurrences de ce duel dans d’autres textes et nous n’y manquerons pas dans un prochain article !
En attendant une confirmation éventuelle de l’évènement, Claudi a placé son illustration originale du jour sous le signe du duel.
Pour les vrais amateurs de vrais duels, enfin, nous renvoyons nos lecteurs à un autre duel évoqué dans notre blog et qui se déroula le 15 août 1897 à 5 heures du matin à Vaucresson près de Versailles au lieu-dit Le Bois des Maréchaux, duel contemporain de la publication de l’ouvrage de Maurice Bois, et qui fit alors beaucoup de bruit dans la presse et dans l’armée française d’alors sans doute !
FRANCE-ITALIE 1897 (5) - du 14 août 2018
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 28 août 2022 (J+5002 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire