CHARMOY-CITY : ADIEU AUX ACIÉRIES D’AUXONNE - du 30 OCTOBRE 2019 (J+3969 après le vote négatif fondateur)
30 oct. 2019CHARMOY-CITY : ADIEU AUX ACIÉRIES D’AUXONNE - du 30 OCTOBRE 2019 (J+3969 après le vote négatif fondateur)
En déclin inéluctable depuis plusieurs décennies, les Aciéries d’Auxonne fermaient définitivement leurs portes, il y a bientôt quinze ans, le 30 novembre 2004.
Dans les décennies de l’après-guerre, l’établissement employait de nombreux ouvriers, cadres et employés. Un grand nombre d’entre eux habitaient dans le quartier de l’actuelle rue de Labergement et à la Brasserie (rue Colonel Denfert). Les vieux Auxonnais se souviennent de la sirène de l’usine qui rythmait les journées.
Je me souviens avoir visité l’usine dans mon année de CM2 (1955-56) avec notre maîtresse Madame Marchand qui nous y avait bien préparés. Je me souviens du cubilot pour réchauffer et fondre les gueuses de fonte avant le passage du métal liquide au convertisseur Bessemer pour affinage en acier. Je me souviens de la lumière éblouissante du métal en fusion.
À la fin de chaque cycle d’affinage, le Bessemer crachait sur le ciel de la ville ses étincelles et son nuage rouillé. Inimaginable en notre époque écologique !
Et ne parlons pas de la silicose provoquée avant-guerre par la « dessableuse » (le dessablage consiste à nettoyer les pièces moulées au sable, après démoulage, par un jet de sable). Je me souviens, enfant, avoir côtoyé un retraité de la fonderie bien amoché, connaissance de mes parents, et qui peinait à respirer.
Par la suite, l’affinage Bessemer fut abandonné, remplacé par l’affinage au four électrique donnant des aciers de qualité aux nuances plus subtiles et beaucoup mieux définies.
C’était encore un plaisir pour moi de conduire, dans les décennies 1980-90, mes élèves aux Aciéries pour y voir l’affinage et la coulée au four électrique.
La sidérurgie m’a toujours impressionné, c’est un métier de titan ! J’ai même enseigné la métallurgie en Alsace, dans mon premier poste au Lycée Technique Nationalisé Mixte de Guebwiller, ville chère à Sophie et à Georgi !
Quelques années passées ensuite au Creusot, le pays des Schneider (on disait Schneidre) et du marteau-pilon, au début des années 1970, furent pour moi un vrai régal de sidérurgie !
C’est en quelque sorte, un « petit Schneidre » qui créa et dirigea les Aciéries et Fonderies d’Auxonne inaugurées en 1918. Toussaint Levoz, le premier directeur de ces aciéries est issu d’une grande famille bourgeoise liégoise. Au début du siècle dernier, cet ingénieur-métallurgiste, d’une grande réputation dans le milieu de la sidérurgie, était Chef des Services des Aciéries et Forges de Stenay (Meuse).
La réputation de Toussaint Levoz était liée à son procédé de production de pièces d’acier moulé, procédé beaucoup plus économique que le forgeage.
On lit ainsi à propos de la fonderie de Colombier-Fontaine (Doubs) : « Pour son plus grand profit, elle est équipée en 1915 par Toussaint Levoz, expert de réputation internationale, avec des convertisseurs Bessemer à soufflage latéral. Munie de cet appareil, la voici apte à produire des garnitures de mitrailleuses en acier ou en fonte coulée. Jusqu’alors, de telles pièces étaient forgées ou estampées. Les concurrents qui s’étaient essayés à couler l’acier pour ces pièces, à l’image d’Arbel, n’y étaient pas arrivés. En quelques mois, plusieurs dizaines de milliers de garnitures vont sortir de Colombier-Fontaine. L’armée française se procure ainsi les mitrailleuses qui lui font défaut. Colombier-Fontaine fabrique également des affûts pour canons anti-avions. L’entreprise vit une période de prospérité. » ( Source : Olivier Boudot, D’AFE à Safe Naissance d’un champion mondial, Mémoires d’hommes, histoires d’entreprises)
Quelques années auparavant, un autre membre de la famille Levoz, Eustache Levoz avait redressé la situation de la fonderie d’acier d’Outreau (Pas-de-Calais)
« De 1902 à 1907, les résultats techniques de la fonderie d’acier d’Outreau ne sont pas bons. Il semble que cela tienne au fait de l’absence à Outreau d’un spécialiste du moulage de l’acier, […] La crise éclate. Les « responsables » remerciés, un nouveau chef de service de l’aciérie est engagé : Eustache Levoz qui pratique le métier depuis vingt ans […] Levoz redresse la situation. » (Source : Edmond Truffaut, Métallurgie en Boulonnais, Éditions A.M.A./Histopale)
Depuis quelques jours la démolition des Aciéries d’Auxonne par l’entreprise Pennequin a commencé. Un panneau apposé sur la grille de l’établissement précise que le permis de démolir PD 021 038 19 S0001 du 11 juillet dernier accordé par le maire à Immobilière Européenne des Mousquetaires, sur un terrain de 29118 m2, est consultable dans les services de la mairie… (à suivre)
Le presse-papier en acier moulé T. Levoz, figurant sur l’illustration de Claudi, mesure 14cm x 18cm et pèse environ 700 g.
Flash-info
Le Bien Public d’hier publiait un article intitulé « AUXONNE Foire Commerçants et associations présents pour la 700e édition ». sur la photo légendée « Malgré la grisaille, les badauds se sont aventurés dans les différentes allées de la traditionnelle foire d’automne de la ville d’Auxonne ».
En regardant la photo, j’ai reconnu un badaud que je découvre chaque matin, avec un bonheur mitigé, dans la glace ! Quant à notre bon député, macache ! La « météo peu engageante » l’aura sans doute dissuadé ….
Et puis reconnaissons-le, (non, pas sur la photo, il n’était pas là !), depuis qu’on n’y casse plus d’assiettes, ladite foire ne casse pas vraiment des briquettes !
CHARMOY-CITY : À LA GRANDE FOIRE, ON NE CASSE PLUS D’ASSIETTES - du 28 OCTOBRE 2019
Dans la soirée d’hier Le Bien Public publiait enfin :
« Vers 17 heures ce mardi après-midi, une odeur de brûlé a été signalée au niveau d’un immeuble de trois étages de la rue du Moineau à Auxonne, située à proximité du château. »
De la fumée aurait aussi été détectée dans les combles du bâtiment. Selon nos informations, aucun blessé n’a été à déplorer.
Par mesure de sécurité, vingt personnes ont été évacuées. Sur place, des sapeurs-pompiers des casernes d’Auxonne, de Pontailler-sur-Saône et de Saint-Jean-de-Losne ont été dépêchés. Soit un total de quinze sapeurs-pompiers avec quatre engins : deux fourgons incendie, une grande échelle et un chef de groupe. »
Une chose est sûre au moins, la cause du sinistre éventuel ne pourra pas être imputée aux étincelles du Bessemer !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 30 octobre 2019 (J+3969 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire