HISTOIRES D’ENSEIGNES (8) - du 01 SEPTEMBRE 2015 (J+2449 après le vote négatif fondateur)

Dans notre précédent numéro, nous avions dû nous résoudre à interrompre la passionnante lecture de la lettre, un peu longue, de notre ami Joseph Schnaps. Nous l’avions fait au moment crucial, où notre ami Joseph, très gêné, se voyait questionné, par une touriste avisée, au sujet de l’impossibilité d’accéder aux vraies richesses historiques de Niederziwweldorf, maintenues en cure de sommeil, pendant qu’autour de la ville, la ronde des ronds-points battait son plein. À Niederziwweldorf, les cigognes sont de retour et chez nous, c’est la danse des tarares…

Passons à présent la plume à notre très cher Joseph Schnaps :

« Croyez-moi si vous voulez, j’avais honte. J’avais honte, et j’avais mal de ne pouvoir répondre à son attente légitime de contempler la fabuleuse cotte de mailles, pièce maîtresse de notre musée, qui à présent dormait bêtement dans une caisse. Une petite caisse à vrai dire, car l’objet, bien que n’ayant pas rétréci du fait des ans (il en compte plus de 800) ou d’une hygrométrie défectueuse, est de petite taille.

C’est que notre fabuleuse cotte de maille est une cotte de maille féline, et ce détail devait compter pour notre miss, fervente amie des chats !

Il faut que je vous narre à présent le secret de notre cotte de maille féline, comme je l’ai conté à notre miss, à défaut de pouvoir lui montrer l’objet, situation délicate qui se rencontre quelquefois dans la vie d’un honnête homme.

En des temps anciens, le baron Von Katzenburg régnait sur le château d’Oberziwweldorf. À la fin du douzième siècle, armé de pied en cap, il accompagna Frédéric Barberousse en croisade. Chacun sait que l’empereur Frédéric devait s’y noyer malencontreusement lors d’une baignade, laissant sa suite dans le plus profond désarroi. Le soir même de ce malheur, un gros chat roux fit irruption dans la tente du baron et, par la suite, s’attachant à ses pas, se refusa à le quitter.

Notre baron vit là un signe et adouba notre matou auquel il fit faire une cote de maille par les meilleurs artisans de Saint-Jean-d’Acre. Le baron, le chat et sa cotte revinrent indemnes de croisade. Les mânes de l’empereur les avait protégés. Les moines de l’abbaye romane de Katzenbach où devaient par la suite reposer, sous leurs dalles armoriées respectives, le baron et son chat légendaire, conservèrent pieusement la cotte. Voici en résumé, l’histoire du chat-croisé et de sa cotte de mailles.

Au cours du temps, la cotte devait révéler des vertus curatives. De tout le Saint-Empire on venait la visiter car elle était réputée être un préservatif contre l’infidélité conjugale et le lumbago. À la fin du dix-neuvième siècle, l’engouement pour ces vertus thérapeutiques ayant cessé, mon très avisé bisaïeul le Conseiller Albert Schnaps acquit l’objet qui ne déplaçait plus les foules. Il le fit en échange d’une recette secrète d’une liqueur de son cru, le toujours célèbre Élixir de Katzenbach. À sa mort et selon ses vœux, la fabuleuse cotte du chat-croisé fut remise au musée de sa ville natale pour y être exposée.

Ici finit l’histoire visible de la fabuleuse cotte du chat-croisé, à présent dérobée au regard des visiteurs éclairés qui, dépités, se cassent le nez refusant de se contenter de cigognes en zinc et autres avatars de carrefours ! Je leur réponds, comme a notre miss : dépités, écrivez au député !

Dans l’attente du plaisir de vous lire bientôt, recevez…etc… »

Les Niederziwweldorfiens ont vraiment de la chance d’avoir ce Monsieur Joseph Schnaps à la culture. Certes, il nous la joue un peu Mère Michel qui a perdu son chat, il est peut-être un peu bavard, mais il pose les bonnes questions ! Il est temps d’arrêter de tourner en rond(point) avec des manivelles et de sortir les vraies valeurs historiques du placard.

Claudi, notre artiste de service, s’est fendu pour vous d’une belle cotte de chat ! J’entends déjà ronronner Monsieur Joseph Schnaps !

 

HISTOIRES D’ENSEIGNES (8) - du 01 SEPTEMBRE 2015 (J+2449 après le vote négatif fondateur)

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 01 septembre 2015 (J+2449 après le vote négatif fondateur)

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