ACTUALITÉ DE « MONSIEUR VINCENT » - du 16 FÉVRIER 2016 (J+2617 après le vote négatif fondateur)

Une petite précision d’abord pour commencer : comme pourrait le suggérer notre titre, il ne sera cependant pas question dans cet article d’un sympathique patron de PMU que nous saluons au passage.

« Monsieur Vincent », est en effet le titre d’un film très ancien qui connut un immense succès à la fin des années 40 et dont le propos, malgré une certaine emphase, pourrait bien trouver quelques résonnances dans notre actualité. Ce film de Maurice Cloche, qui fut primé à la Mostra de Venise, je l’ai regardé dimanche soir en DVD. Passer une soirée de Saint Valentin en compagnie de Saint Vincent de Paul dans la peau d’un Pierre Fresnay, quelle drôle d’idée me direz-vous ! Union sacrée du courrier du cœur et du Sacré-Cœur !

Du film que j’avais vu enfant au Cinéma Familia (actuelle Salle L’Aiglon) dans les années 50, je ne gardais qu’un souvenir précis : les galères ! Mais on y trouve encore bien d’autres choses, et les dialogues d’Anouilh sont magnifiquement écrits. Les yeux du spectateur d’aujourd’hui y verront surtout comment une société s’arrange des misères engendrées par une pauvreté grandissante et les exodes provoqués par les guerres (Lorrains et Picards jetés sur les routes). La palette des réactions humaines face à cette situation, de l’égoïsme le plus cynique, à l’altruisme le plus fou est très bien rendue dans le film qui démontre, en outre, que faire le bien est un très ingrat et très dur métier.

C’est donc tout imprégné de ces réflexions qu’hier matin j’ouvrais Hebdo 39 N° 194 du 15 février 2016. Je devais bien vite y découvrir la confirmation que les problèmes de pauvreté et de personnes déplacées étaient toujours d’actualité à ma porte. Cette confirmation locale et moderne de la persistance d’une misère toujours présente, bien que présentable et aseptisée, je l’ai trouvée en page 8, sous la plume de Louis Lanni, dans les articles « Les migrants sur le départ » et « Les Restos du Cœur ne désemplissent pas ». Notre société, pourtant beaucoup plus riche et puissante que celle du dix-septième siècle, tente comme elle peut de porter remède à la misère, mais le bénévolat doit encore et toujours pallier la carence de nos institutions modernes, à vrai dire de plus en plus oublieuses de garantir une vraie solidarité face à la dictature universelle de la concurrence et du profit.

Me voyant parti dans ces considérations dépassant, il est vrai, mes forces et mes compétences ‒ qui ne sont pas celles d’un Monsieur Vincent ‒ Claudi m’interrompt : « Tu ne vas pas refaire le monde à ton âge ! »

Plus versé dans l’imagerie populaire que dans la soupe du même nom, il m’entraîne alors sur le terrain de l’art, me faisant remarquer tout d’abord que la misère aura formidablement inspiré les grands esprits de certaines époques, particulièrement au dix-neuvième siècle, le siècle des Misérables et des Mystères de Paris. Remarquons qu’aujourd’hui, elle n’inspire plus de grandes œuvres dans notre société fascinée par la compétitivité et le bling-bling, à part peut-être des œuvres caritatives.

Claudi ajoute que si l’image du pauvre est très rarement conservée et individualisée, celle de son bienfaiteur, en revanche, a toujours bénéficié d’un affichage et d’un traitement privilégiés. Comme si la pauvreté devait sévir jusque dans la représentation graphique.

Si l’on peut toujours contempler, avec nos petits lapins et grâce au talent de Van der Weyden, les portraits de Nicolas Rolin et Guigone de Salins aux Hospices de Beaune, qu’ils fondèrent, les visages des pauvres malades que l’on couchait à plusieurs dans les lits de la grande salle commune resteront à jamais invisibles.

Pour les amateurs de cinéma, deux autres articles à lire ou à relire sur notre blog

FELLINI AU CHARMOY - du 14 OCTOBRE 2014

« LES LURONS DE LA MARGUERITE »- du 19 JUILLET 2014

Bonnes oeuvres nouvellisme et tradition

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C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 16 février 2016 (J+2617 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Côté cinéma

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