CHARMOY-CITY : DU CHÂTEAU LOUIS XI AU CASTELLO SFORZA (1) - du 20 mars 2020 (J+4111 après le vote négatif fondateur)
20 mars 2020CHARMOY-CITY : DU CHÂTEAU LOUIS XI AU CASTELLO SFORZA (1) - du 20 mars 2020 (J+4111 après le vote négatif fondateur)
Comme nous le disions hier, nous ne souhaitons pas ajouter au vacarme médiatique du moment.
CHARMOY-CITY : HOMMAGE À L’AUTEUR DE CHANTECLER - du 19 mars 2020
Nous n’avons pas non plus mission ni qualité pour relayer les informations et consignes officielles par ailleurs largement diffusées et laissons donc à chacun(e) le soin de s’en informer.
En conséquence, notre propos sera essentiellement historique.
Je parlais hier de l’Italie qui m’est chère. La province de Bergame, région de naissance de mon père, en Lombardie, est à ce jour la plus touchée en Europe.
Je vous propose aujourd’hui un petit détour historique en Lombardie sans risque de contamination.
Comme Auxonne a son Château Louis XI, Milano a son Castello Sforza vaste quadrilatère de brique situé en plein centre-ville. La forteresse imposante, reconstruite en 1450, est à peine plus âgée que notre Château Louis XI (1480).
Le Castello Sforza renferme les Archives de Milan, une bibliothèque et plusieurs importants musées.
Nos fidèles lecteurs/trices connaissent notre goût pour les inscriptions lapidaires que nous avons encore tout récemment démontré
VICISSITUDE À CHARMOY-CITY : TOUT CHANGE, TOUT PASSE, ET RIEN NE DURE… - du 26 février 2020
Parmi les inscriptions lapidaires auxonnaises, le passant, échappant un moment à son confinement pourra encore découvrir celle-ci au-dessus de la porte de l’office du Tourisme « Nous sommes tous mortels, & tous hommes sont subietz [soumis] à Dieu ». Il y trouvera peut-être en ces jours une résonance particulière.
Une stèle autrefois visible sur une placette de Milan jusque vers la fin du dix-huitième siècle, et portant une longue et terrible inscription, est de nos jours visible au Castello Sforza. Témoignage de l’incurable folie humaine, elle est visible sur notre illustration du jour.
Voici la traduction du texte latin qu’elle porte :
« Ici, où s'étend cette place s'élevait autrefois la boutique du barbier Giangiacomo Mora, qui, ayant conspiré avec Guglielmo Piazza, commissaire de la Santé publique, et avec d'autres, pendant qu'une peste affreuse exerçait ses ravages, par des onguents mortels répandus de tous côtés, précipita beaucoup de citoyens vers une mort cruelle. C'est pourquoi le Sénat, les ayant tous deux déclarés ennemis de la patrie, ordonna que, placés sur un char élevé, ils seraient tenaillés avec un fer rouge, leur main droite tranchée, leurs os rompus ; qu'ils seraient étendus sur la roue, et, après six heures, mis à mort, brûlés ; ensuite, et pour qu'il ne restât aucune trace de ces hommes criminels, que leurs biens seraient vendus à l'encan, leurs cendres jetées dans le fleuve ; et, afin d'éterniser la mémoire de ce fait, le Sénat voulut que cette maison, où le crime avait été préparé, fût rasée, sans jamais pouvoir être réédifiée, et à sa place fût élevée une colonne qu'on appellerait infâme. Arrière donc, arrière, bons citoyens, de peur que ce sol maudit ne vous souille de son infamie. août 1630 »
En 1630 déjà, les fake news causaient le malheur d’innocentes victimes. Le Milanais Alessandro Manzoni (1785-1873), un Victor Hugo à l’italienne, conta avec un talent vengeur, l’histoire de cette Colonne infâme.
L’introduction à l’œuvre s’ouvre sur cette charge pleine d’humour caustique :
« Les juges qui, à Milan, en 1630, condamnèrent aux supplices les plus atroces quelques individus accusés d’avoir propagé la peste, à l’aide de certaines inventions non moins stupides qu’elles étaient horribles, crurent avoir fait une chose tellement digne de mémoire, que dans la sentence même, après avoir ordonné, par surcroît de châtiments, la démolition du logis d’un de ces malheureux, ils décrétèrent encore que, sur l’emplacement de cette maison, serait élevée une colonne qu’on appellerait la Colonne Infâme avec une inscription chargée de transmettre à la postérité, avec la connaissance du crime, le souvenir de la peine. En quoi ils ne se trompèrent pas. Ce fut là, sans nul doute, un jugement mémorable. »
À suivre…
En sympathie avec l’Italie
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 20 mars 2020 (J+4111 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire