UN DRONE DE PAROISSIEN - du 19 AVRIL 2016 (J+2680 après le vote négatif fondateur)
19 avr. 2016UN DRONE DE PAROISSIEN - du 19 AVRIL 2016 (J+2680 après le vote négatif fondateur)
Les gens d’âge respectable connaissent sans doute le film comique de Mocky intitulé Un drôle de paroissien.
Avec un Un drone de paroissien nous entrons aujourd’hui, malgré nous, dans le tragi-comique.
Un drone est un petit avion sans pilote. On peut le munir d’une caméra dans le but de recueillir des images. S’il opère dans une église, c’est alors un drone de paroissien.
C’était couru, nous l’avions pressenti dans notre article d’hier dans lequel nous avions noté ce détail à la fois cocasse et navrant : « Tel un Suisse muni de sa hallebarde, un paparazzi mitrailleur sillonnait allées et contre-allées, électron libre mû sans doute par l’agitation médiatique ». C’était couru, le Suisse était en fait un drone, et qui plus est, un drone de paroissien !
Il ne suffisait donc pas à notre Chasseur d’images impénitent de s’approprier, pour sa plus grande gloire médiatique et dans son blog-boutique perso d’artiste, toute une collection de cérémonies officielles, il manquait encore quelque chose à sa prestigieuse galerie d’icônes : l’onction de l’image religieuse.
L’oubli est à présent réparé. Après la visite du Leclerc avec Notin, après la remise des képis en plus de 5000 exemplaires, voilà qu’il accroche aujourd’hui la grand’messe à ses cimaises.
J’avoue être un peu sévère, mais n’allez surtout pas me prendre pour un iconoclaste, car je confesse aimer aussi les belles images. Mais tout comme les décorations, les images solennelles ou sacrées ne gagnent pas à être épinglées ou accrochées (PIN IT) à la légère sur un support inapproprié. Il leur faut en effet de dignes supports dédiés. En la matière, notre drone se révèle vraiment incorrigible.
À découvrir quand même sur le versant littéraire, car pour les gens qui savent lire, il y a aussi un texte d’auteur et dans ce texte original quelques vrais bonheurs d’écriture à savourer (avec modération bien entendu).
Ainsi de cette belle parenthèse acoustique qui vous fera vibrer :
« Le silence est interrompu par la fin de la minute de silence. Les vibrations vocales s’enchaînent à nouveau, dans une valse de bandes d’octaves, à niveau bas.
L’énergie acoustique équivalente s’échappe de façon multidirectionnelle à la recherche d’obstacles de réverbération, ou encore d’une cavité architecturale ou végétal afin de dissiper sa chaleur pondérée. »
Notons aussi que la chute du texte révèle pour le lecteur attentif une incomplétude syntaxique, incomplétude sans doute savamment pesée et pensée pour nous faire désirer une suite.
Rapportons fidèlement cette chute : « Après un dépôt de gerbes suivi d’une minute de recueillement et aussitôt enchaîné par une Marseillaise chantée qui est venue trancher l’atmosphère environnante du monument aux morts du square du souvenir ». Avouez qu’en fait de trancher, ça coupe un peu court et qu’on attend la suite !
On retient donc son souffle en attendant la suite, après cette terrible Marseillaise qui « enchaîne » et qui « vient trancher ».
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 19 avril 2016 (J+2680 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Zarzélettres