ZINZIN ÉCRIT UN SONNET MONUMENTAL POUR LE RADIS - du 28 OCTOBRE 2015 (J+2506 après le vote négatif fondateur)
28 oct. 2015ZINZIN ÉCRIT UN SONNET MONUMENTAL POUR LE RADIS - du 28 OCTOBRE 2015 (J+2506 après le vote négatif fondateur)
Comme une comète dans le firmament littéraire charmoysien, un évènement d’une grandeur académico-artistique majeure projette à nos yeux sa lueur astrale. Cet évènement, c’est la publication imminente, dans une plaquette luxueuse en tirage limité, du Sonnet au radis du poète Zinzin.
Oui ! Bonne nouvelle, Zinzin le perroquet existe, nous l’avons même rencontré. « Scribo ergo sum ! » nous a-t-il declaré, du haut du radis monumental du rond-point de l’Europe. « J’écris, donc je suis ! ». Relégué au sommet de la monumentale crucifère, Zinzin n’a pas grand’chose à faire, alors pour meubler sa vie de stylite, il écrit.
Tandis que son geôlier mignon compte les camions, les boulons et les moellons, Zinzin, mine de rien, fait des vers sans en avoir l’air, comme Victor Hugo sur son pot et comme un radis quand il vieillit. Fidèles lecteurs/trices, bon appétit !
Voici pour votre plaisir et pour votre culture (maraîchère) :
Le sonnet au radis
Croquant et rose, au beurre, au sel il me ravit
J’adore ses rondeurs et son parfum de fanes
En potage à la crème, un velours qu’on réclame.
Ne rosis pas ainsi, je t’ai nommé : radis !
Car je t’aime radis, tu es mon paradis
Ton charme et ton Charmoy, dont tu ornes la voie
S’ils enflamment mon cœur, ont détraqué mon foie*
Radis rond du rond-point, tu me fous le tournis**
La pompeuse envergure de ta caricature
Ta prétentieuse enflure, radis, je n’en ai cure
Tes fanes de chichoune***, je les voue aux altises ****
Ton inanité blesse un regard affligé,
Comme un faucheur de vent ou un pêcheur sans prises,
Monumental radis au rond-point érigé
Signé : Zinzin, le stylite solitaire du radis monumental, où on l’a relégué, et qui a vaincu sans beurre et sans reproche cet Éverest de bon goût et d’inspiration artistique !
Notes de l’éditeur Chantecler
* à propos du foie de Zinzin : il est vrai que cet organe présente un tableau inquiétant, dans lequel domine le jaune. En cause, le penchant marqué de Zinzin pour les « libations ». Libations ?! Patience, la prochaine fois, promis, vous en saurez plus et nous libationnerons tous ensemble avec Zinzin !
** tournis : l’emploi de ce mot est sans doute allusif selon deux orientations possibles : trivialement, souligner la fonction giratoire du rond-point, plus subtilement, souligner les dimensions exagérées du radis, sachant que turnip désigne, en anglais, un navet. La suite du sonnet semblerait confirmer cette dernière option.
*** fanes de chichoune : jeu de mot certes un peu facile, mais la note méridionale vient à point souligner l’enflure du propos.
**** altises : petits coléoptères parasites qui s’attaquent aux feuilles des crucifères (choux, navets, radis), particulièrement en période chaude. Les altises ont causé d’importants dégâts l’été dernier.
Notre appréciation : la chute est belle, celle du sonnet bien sûr, pas la chute de reins ! En effet, le lecteur averti ne s’attardera pas lascivement sur le premier quatrain alléchant, sur « ses rondeurs et son parfum de fanes », mais poursuivra courageusement sa lecture jusqu’au « Monumental radis au rond-point érigé ».
En chemin, il reconnaîtra (soyons optimistes !) une touche mallarméenne dans le vocable « inanité ». Ce vocable a été immortalisé par le maître dans le vers immortel de son sonnet en « yx » : « aboli bibelot d’inanité sonore ». Mais il est bien évident qu’ici, par ce clin d’œil, Zinzin désigne clairement l’inanité visuelle d’un bibelot de rond-point, et non un « ptyx », bibelot de salon.
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 28 Octobre 2015 (J+2506 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Zarzélettres