CHARMOY-CITY : « LES NAPOLÉONIDES » POUR LA FUTURE MÉDIATHÈQUE ? - du 03 FÉVRIER 2018 (J+3335 après le vote négatif fondateur)

     Le Bien Public du 20 novembre dernier annonçait : « AUXONNE INFRASTRUCTURE La nouvelle médiathèque sera prête dans deux ans ».

   Depuis, d’autres annonces publiques de sources diverses ont mis un bémol à cette annonce initiale. Nous en avons fait l’inventaire détaillé dans le cours d’un récent article.

CHARMOY-CITY, VŒUX DU MAIRE, LES « PETITS PROTÉGÉS » N’ONT PAS ÉTÉ NOMINÉS- du 28 janvier 2018

        Les délais d’ouverture annoncés dans l’article du 20 novembre dernier, cité plus haut, doivent donc être revus. Pour autant, le contenu de l’article ne manque pas d’intérêt.  

          Il précise ainsi : « Pour ce qui concerne l’ancienne structure [N.D.L.R. : l’actuelle bibliothèque], elle sera transformée, en cherchant à conserver son caractère et son cadre historique, avec une salle d’étude dédiée au fonds du patrimoine local. De plus, il s’agira d’un espace qui pourra, dans le futur, constituer un pôle de référence sur Napoléon Bonaparte, selon le troisième adjoint. Il sera de forme polyédrique et permettra aux usagers d’avoir une autre perception de la culture. »

CHARMOY-CITY : LES PHILOSOPHES, LE POLYÈDRE ET LA MÉDIATHÈQUE- du 23 novembre 2017

      Notre article d’aujourd’hui est inspiré plus précisément par ces propos du « troisième adjoint » rapportés dans l’article et selon lesquels, « il s’agira d’un espace qui pourra, dans le futur, constituer un pôle de référence sur Napoléon Bonaparte »

    Chacun sait que les ouvrages relatifs à Napoléon Bonaparte ne manquent pas. Le catalogue général de la Bibliothèque nationale de France compte en effet, à ce propos, plus de 40000 documents de nature diverse répondant au mot-clef « Napoléon Bonaparte ».

     Il faudra donc nécessairement sélectionner, miser sur la rareté, et sortir des sentiers battus. Parmi les « curiosités bibliographiques » relatives à l’Empereur, nous avons récemment découvert un ouvrage de la période d’entre-deux guerres intitulé Les Napoléonides. Un ouvrage rare,  que ces Napoléonides, tiré à 500 exemplaires. Tout comme les lanthanides, qui, comme chacun sait, sont les fameuses terres rares si convoitées dans la compétition mondiale pour les matières premières.

    Ces Napoléonides avaient déjà connu un précédent au singulier. En effet, en 1861,  le Docteur Paul Barbarin-Durivaud éditait à Limoges, ville d’artistes s’il en est, un long poème épique dédié à l’Empereur Napoléon III et intitulé La Napoléonide.

      Mais plus que le neveu, c’est l’oncle prestigieux qui nous intéresse, nous laisserons donc de côté La Napoléonide pour en venir  aux Napoléonides, notre sujet du jour.

     

      En 1924, Roger Farjon sénateur-maire de Boulogne-sur-Mer et patron de la fameuse entreprise de compas, plumes et crayons Baignol & Farjon, était aussi tête de liste d’une souscription pour la publication d’un ouvrage de l’un de ses concitoyens, Alfred Dubout, ouvrage intitulé Les Napoléonides.

   Un mot sur Alfred Dubout (1854-1936), poète et dramaturge boulonnais, qui ne doit pas être confondu avec le célèbre dessinateur. Une étude rapide de sa bibliographie montre qu’il pêchait habituellement l’inspiration dans des sujets historiques, de Frédégonde à Bayard en passant par Napoléon.

      Les curieux pourront le lire sur Gallica en édition numérique. Son ouvrage de jeunesse, intitulé Quelques vers,  imprimé en 1879 à Boulogne chez la Veuve AIGRE, 4, rue des Vieillards, ne manque pas, malgré l’intitulé rebutant de son lieu d’édition, d’une certaine fraîcheur.

      Sous un titre terrible emprunté à Victor Hugo, Histoire d’un crime, il relate la malencontreuse aventure d’un jeune chasseur abattant par erreur Jeannot, un lapin devenu le familier de la maison ! Et pourtant, le silencieux pour  chasseurs discrets n’avait pas encore été inventé !

         En 1924, cependant, le temps a passé, l’enflure de la pompe s’est installée, et la fraîcheur s’est envolée.

       Les Napoléonides est une œuvre sévère qui s’ouvre sur une dédicace en hommage aux combattants de la Grande Guerre. Suit la liste pompeuse des bénéficiaires auxquels ont été offerts des exemplaires en hommage : le prince Victor Napoléon, le président Poincaré, les grands vainqueurs de 14-18 de Clémenceau à Pétain, les chefs d’état des nations alliées ; une liste d’institutions et de bibliothèques prestigieuses ferme la marche.

     L’ouvrage consiste en un recueil de 134 stances de 5 vers, inspirées de paroles ou d’actions de Bonaparte et classées selon cinq  grands thèmes (Bonaparte, l’Empereur, Le Chef, Pensées diverses, Sainte-Hélène)

     À titre d’échantillon nous citerons deux de ces stances : la stance III du cycle « Bonaparte » qui en compte 26 (page 13) et la stance XXX du cycle « Pensées diverses » qui en compte aussi 26 (page 123).

    La stance III du cycle « Bonaparte » concerne un épisode du séjour auxonnais (de février 1791 à juin 1791) que nous avons déjà évoqué dans ce blog

BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (12) - du 03 janvier 2018

« J’ai vécu lieutenant et fait vivre mon frère.

Qui n’avait pas treize ans, avec trois francs par jour.

Se loger, s’habiller, se nourrir ‒ grosse affaire !

Pas de dettes pourtant, de dettes ni d’amour,

Ma première maîtresse eut pour nom la Misère. »

 

La stance XXX du cycle « Pensées diverses » a beaucoup plus mal vieilli et ne peut plus guère déclencher aujourd’hui que la moquerie ou le scandale.

      Rappelons quand même, pour replacer le livre dans son temps, que Les Napoléonides sont un ouvrage écrit par un homme, à la gloire d’un autre homme et dédié uniquement à des hommes…. si l’on excepte toutefois  « Madame Veuve Woodrow WILSON en mémoire de Monsieur Woodrow WILSON, ex-président des États-Unis »

    Voici la stance en question :

 

« En politique, Dieu nous garde de Corinne !

Qu’elle trône au théâtre, à l’église, au salon,

Soit !....Mais, dans nos Conseils, point du sexe en jupon !

Exceptons cependant la Grande Catherine,

À qui rien ne manquait que la barbe au menton ! »

 

      Il est clair qu’il est devenu impossible aujourd’hui d’écrire de tels vers, empreints d’une aussi grossière misogynie ! Tout le monde connaît évidemment la Grande Catherine, impératrice de Russie « À qui rien ne manquait que la barbe au menton ».

       Quant à « Corinne »,  pour  ceux/celles de nos lecteurs/trices qui se perdraient en improbables conjectures, précisons que le prénom désigne ici sans ambiguïté Madame de Staël, auteure du roman Corinne ou l’Italie dans lequel la fille de Necker emprunte la voix de Corinne pour exprimer ses options féministes et esthétiques.      

     Corinne ou l’Italie ainsi que De l’Allemagne font partie de ces œuvres par lesquelles Madame de Staël, fille de Necker, s’oppose à l’autoritarisme de Bonaparte, posture qui lui vaut une interdiction de séjour en France durant l’Empire. Qu’il soit petit ou qu’il soit grand, il en coûte toujours de froisser le prince !

       Même si Les Napoléonides, c’est évident, ne constituent pas un chef-d’œuvre impérissable, cette œuvre n’en reste pas moins une curiosité bibliographique non dépourvue d’intérêt, et dans laquelle le curieux peut encore dénicher quelques perles !

     Claudi me fait remarquer au passage qu’il n’y a aucune trace du fameux « chapeau » dans Les Napoléonides. Remarquez bien,  si vous cherchez à voir le « chapeau » à Charmoy-city, je vous souhaite d’avance bien du plaisir !

    En désespoir de cause, Claudi a donc décidé d’ajouter une 135ème stance inédite consacrée au chapeau !

 

Cocarde tricolore et ganse de soie noire

Chez Poupart, chapelier, c’est là que je suis né

Mon feutre fatigué tout  imprégné d’histoire

A couvert un grand chef qui aima nous porter

Moi et quarante frères que l’on garde en mémoire.

Charmoy-City : une stance inédite ajoutée aux Napoléonides

Charmoy-City : une stance inédite ajoutée aux Napoléonides

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 03 février 2018  (J+3335 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Culture

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