FRANCE-ITALIE 1897 (3) - du 02 juillet 2018 (J+3484 après le vote négatif fondateur)
02 juil. 2018FRANCE-ITALIE 1897 (3) - du 02 juillet 2018 (J+3484 après le vote négatif fondateur)
Après une courte interruption, liée à une actualité locale foisonnante, nous reprenons aujourd’hui la diffusion de notre feuilleton inédit « France-Italie 1897 ».
À l’origine de ce feuilleton, il y a rappelons-le une rencontre.
FRANCE-ITALIE 1897 (1) - du 21 juin 2018
Mais aussi un grand bâillement d’ennui, à vous décrocher la mâchoire, qui nous avait fait quitter les rives de la Saône et Charmoy-City « la belle endormie », pour la belle Italie.
SEPT LABELS (PLUS UN) POUR « LA BELLE ENDORMIE » - du 20 mars 2017
Les voyages forment la jeunesse et déforment les valises !
La suite de notre feuilleton nous impose aujourd’hui de quitter la Lombardie et la Vénétie, où nous avaient conduits les deux premiers épisodes, pour des contrées plus lointaines…
FRANCE-ITALIE 1897 (2) - du 24 juin 2018
Dans les années 1880 le poète Arthur Rimbaud devenu aventurier et trafiquant d’armes sillonne la Corne de l’Afrique.
Il y rencontre l’explorateur Jules Borelli dont le journal de voyage en Éthiopie méridionale reste un classique du genre. En page 201 de l’ouvrage, à la date du 9 février 1887, Borelli porte ce jugement sur Rimbaud : « Notre compatriote a habité le Harrar. Il sait l’arabe et parle l’amharigna et l’oromo. Il est infatigable. Son aptitude pour les langues, une grande force de volonté et une patience à toute épreuve, le classent parmi les voyageurs accomplis ». Les deux voyageurs feront un bout de chemin ensemble.
En cette fin de dix-neuvième siècle, les nations européennes s’impliquent dans les explorations et les guerres coloniales.
1894. Rimbaud est mort depuis trois ans. Après une période de coopération, l’Italie, qui a installé une colonie en Érythrée au nord de l’Abyssinie, entre en conflit avec l’Éthiopie et son empereur Ménélik II.
Le 1er mars 1896, les troupes italiennes en effectif inférieur à celui des Éthiopiens, de surcroit mal équipées, et semble-t-il assez peu motivées, sont vaincues à Adoua par l’armée éthiopienne plus nombreuse, plus manœuvrière et armée à l’européenne.
Cette victoire africaine contre une armée européenne aura un très grand retentissement international. Plus accessoirement, elle va jouer aussi un grand rôle dans la suite de notre feuilleton.
Il est temps de faire entrer en scène à présent un autre acteur de notre feuilleton : Henri d’Orléans (1867-1901).
En 1892, Henri d’Orléans petit-fils du roi Louis-Philippe, et donc membre de la famille royale d’Orléans, a parcouru la région du Harrar en Éthiopie sur les brisées d’Arthur Rimbaud.
Comme son cousin, Philippe d’Orléans (1869-1926), prétendant au trône de France, Henri d’Orléans est un grand voyageur, naturaliste et explorateur reconnu.
La loi du 23 juin 1886 bannissant du territoire national les prétendants au trône de France et leur fils aîné et rayant, en outre, tous les autres princes français des listes de l’armée n’aura sans doute pas manqué de susciter ou d’encourager de telles vocations.
En 1897 Henri d’Orléans retourne en Éthiopie. Un an après la défaite d’Adoua, il est accueilli à la cour du Négus Ménélik II.
Dans un article du Figaro daté du 3 juillet 1897, Henri d’Orléans rend compte de ses impressions de voyage.
L’article n’a rien de sensationnel et s’attarde parfois sur des détails triviaux : « tout cela serait parfait et nous ne pourrions nous trouver nulle part mieux qu’ici n’étaient les puces. Voilà le chiendent ! ». Et plus loin : « Au bout de huit jours de guerre à mort [N.D.L.R. : contre les puces] il y a eu une trêve : l’ennemi a diminué, et puis, nous nous sommes un peu faits à lui. Cinq ou six puces sur les jambes nous semble chose très raisonnable ». Henri d’Orléans a de l’humour !
Cependant, après la guerre aux puces et la chasse aux « beaux singes amusants à tirer », l’article se termine sur des propos peu amènes à l’égard des Italiens. Dans la péninsule, ces propos seront jugés scandaleux et insultants. Ils déclencheront même un tollé général !
Nous verrons que l’affaire aura pour conséquence une rencontre mémorable entre Henri d’Orléans et Vittorio-Emanuele Conte di Torino. À suivre.
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 02 juillet 2018 (J+3484 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Feuilleton