CAHIERS DE VACANCES À CHARMOY-CITY : VACCINATION ET HISTOIRE (2) - du 12 août 2021 (J+4621 après le vote négatif fondateur)

 

     Dans notre précédent article nous avions évoqué le rôle original du poète Casimir Delavigne (1793-1843)  en faveur de la vaccination contre la variole

CAHIERS DE VACANCES À CHARMOY-CITY : VACCINATION ET HISTOIRE (1) - du 09 août 2021

   Dans le présent article, délaissant les rimes, nous évoquerons dans un autre registre nettement plus administratif, la vaccination obligatoire par édit.

   À cette occasion nous retrouverons, comme promis, au cours de cet épisode et du prochain, Napoléon Bonaparte (1769-1821), mais surtout sa sœur cadette préférée : Elisa Bonaparte (1777-1820).

   Comme le rapporte Jean Massin dans l’Encyclopaedia universalis à propos d’Elisa : « de toute la famille, elle est celle qui ressemble le plus par certains côtés intellectuels à Napoléon (elle s'en flatte et aime à se l'entendre dire), mais en modèle réduit ; elle gouverne avec dextérité les principautés et départements qui lui sont confiés, mais plus en préfet qu'en souveraine ; elle n'aura jamais aucun conflit d'autorité avec l'empereur. »

   Mariée à un officier corse de peu d’envergure, Félix Baciocchi, Elisa est la tête pensante du couple. En 1805, Elisa a dix-huit ans, et par décision de Napoléon leur frère et beau-frère, Elisa et Félix se retrouvent à la tête de la charmante principauté de Piombino et de Lucques nouvellement créée dans le sud de la Toscane.

    Un siècle plus tard, dans une communication du Bulletin de l’Académie de médecine datée du 23 janvier 1906,  le docteur Félix Kelsch, Directeur de l’Institut supérieur de vaccine dépendant de l’Académie de Médecine, de 1903 jusqu’à sa mort en 1911, évoquera la principauté à propos d’un édit de 1806, dont il déclare :

     «  Il n'est pas long cet édit. Et pourtant i1 contient toute notre Législation préventive contre la variole la déclaration de la variole et la vaccination obligatoires, des sanctions pénales rigoureuses contre les délinquants, et même l'affirmation solennelle de la foi dans la découverte de Jenner, produite sous la forme d'une promesse de gratification de 100 francs à quiconque prouvera qu'il a eu la variole après avoir été vacciné. »

    Cet édit, promulgué sous le règne de la princesse Elisa Bonaparte le 23 décembre 1806, le Docteur Kelsch en donne un extrait qu’il tient d’un confrère alsacien, M. Goldschmidt, qui l’a redécouvert dans des archives :

    « Trois jours après la publication des présentes, chaque père de famille, sous peine d'une amende de 100 francs, devra faire la déclaration si quelqu'un est affecté de la variole dans sa maison. Celui qui dénoncera un variolé qu'on aurait recelé, recevra une récompense de 50 francs. Il sera établi un cordon militaire autour de chaque maison où règne la variole ; toute communication avec ceux qui l'habitent sera interrompue ; ceux qui chercheraient à s'en échapper seraient enfermés pendant quarante jours. Trois jours après la publication de cet édit, tous ceux qui n'ont pas eu la variole, devront être vaccinés. Dans la suite, les nouveaux-nés devront l'être dans les deux premiers mois qui suivront leur naissance. Les parents et tuteurs sont responsables de l'exécution des présentes; les contraventions seront punies de 100 francs d'amende ou de quatorze jours d'emprisonnement. La vaccination se fera gratuitement par des médecins nommés à cet effet. Les médecins qui se distingueront dans l'exercice de cette fonction recevront une grande médaille d'or. Celui qui ayant, été dûment vacciné par les médecins chargés de cette opération, pourra suffisamment. prouver qu'il a plus tard été affecté de la variole, recevra une gratification de 100 francs. »

    Le texte sera à nouveau cité en 1908 par les Docteurs Billard et Fasquelle dans leur opuscule Napoléon et la vaccine

     Toutes proportions gardées, ce texte n’est pas sans résonnance avec les débats actuels, nous le livrons à la réflexion de nos lecteurs.

     Dans notre prochain épisode, nous retrouverons Napoléon, son implication dans la diffusion de la vaccine ainsi qu’un poignant témoignage sur son attachement à sa jeune sœur Elisa.

   Claudi vous offre en image le profil de médaille d’Elisa

FLASH DERNIÈRE (12-08-21 10h00)

    Visiblement, sur la page de notre bonne ville, on cherche le Musée Bonaparte !

   Des  pistes pour les chercheurs ! Compliqué !

« QUAND ON NE CHERCHE PAS LE CHAPEAU, ON LIT LES JOURNAUX » - du 05 Septembre 2016

1806, la princesse Elisa Bonaparte, pionnière de la vaccination.jpg

1806, la princesse Elisa Bonaparte, pionnière de la vaccination.jpg

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 12 août 2021 (J+4621 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Visions d’histoire

 

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