BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (2) - du 30 août 2017 (J+3178 après le vote négatif fondateur)

       Après quelques atermoiements dus à une actualité chargée, nous reprenons, comme promis, notre série « BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse »

     Avant d’entrer dans le vif du sujet du deuxième épisode  de la série, justifions de façon un peu plus approfondie le choix de ce titre rousseauiste.

        Le rapprochement entre Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et Napoléon Bonaparte (1769-1821) n’est pas purement gratuit de notre part.

       Certes, les deux hommes, que séparait plus d’un demi-siècle, ne se sont jamais rencontrés physiquement, cependant, tous deux, à un moment ou à un autre de leur vie auront nourri leur pensée politique de réflexions sur la Corse et son destin.

      On peut lire ainsi dans le Contrat social, œuvre politique majeure de Rousseau publiée en 1762 :                                

       « Il est encore en Europe un pays capable de législation ; c'est l'île de Corse. La valeur et la constance avec laquelle ce brave peuple a su recouvrer et défendre sa liberté mériterait bien que quelque homme sage lui apprît à la conserver. J'ai quelque pressentiment qu'un jour cette petite île étonnera l'Europe. » (Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, 1762, chapitre 10, livre II)

      Cette réflexion pour le moins prémonitoire, a dû enthousiasmer le jeune Bonaparte qui avait découvert et apprécié les écrits de Rousseau bien avant son arrivée à Auxonne.

    Nous découvrirons plus loin les « écrits corses » du jeune Bonaparte, en particulier la fameuse « Lettre à Buttafuoco », écrite plus de trente ans après les lettres de Rousseau au même, mais sur un ton moins amène !

    Pour l’heure, à peine arrivé à AUXONNE, le jeune Bonaparte, féru d’histoire, de politique et de littérature, apprend surtout son métier d’artilleur. Il dispose pour cela, outre des cours de théorie et la pratique à l’arsenal d’Auxonne et au polygone de Tillenay de la bibliothèque bien fournie de l’École formée après 1781 par le général du Teil, son commandant.

    Arrivé en juin 1788 pour un premier séjour, c’est dès le mois d’août que Bonaparte sera mis à contribution sur le terrain 1ors d’une campagne d’expériences d’artillerie.

    Il en témoigne dans une lettre du 28 août à son oncle Fesch : « …Je suis indisposé ; les grands travaux que j’ai dirigés ces jours derniers en sont cause. Vous saurez, mon cher oncle, que le général d’ici m’a pris en grande considération, au point de me charger de construire au polygone plusieurs ouvrages qui exigeaient de grands calculs et, pendant dix jours, à la tête de deux cents hommes, j’ai été occupé. Cette marque inouïe de faveur a un peu irrité contre moi les capitaines qui prétendent que c’est leur faire tort que de charger un lieutenant d’une besogne si essentielle et que, lorsqu’il y a plus de trente travailleurs, il doit y avoir un d’eux. Mes camarades aussi montrent un peu de jalousie ; mais tout cela se dissipe…. »

     Comme nous le verrons dans notre prochain épisode, la distance des pas de tir à la butte de tir du polygone était un peu courte (de l’ordre de 500 mètres). Il en résultait que certains exercices de tir à des distances plus longues imposaient, pour prendre du recul, de sortir les pièces du polygone pour les établir dans la prairie (Baron Joseph du Teil, Bonaparte et les généraux du Teil, Paris, 1897, pp. 76 à 79). Il est possible que les travaux de Bonaparte «qui exigeaient de grands calculs et, pendant dix jours, à la tête de deux cents hommes » aient été imposés par cette nécessité de déplacer des pièces hors du polygone. 

      Indéniablement, Bonaparte devait se montrer, à Auxonne, un artilleur de talent, même s’il n’a probablement jamais réalisé l’exploit que nous lui avons facétieusement prêté dans un précédent article !

CHARMOY-CITY, UN TOURISTE DANS NOTRE CIEL - du 30 juillet 2017

     Facétie indigne autant que sacrilège, maugréeront certains ! Nous leur rétorquerons que les pages du Mémorial de Sainte-Hélène rapportent elles-mêmes quelques facéties – à vrai dire assez peu crédibles selon le Baron Joseph du Teil – dont aurait été victime ou acteur le jeune Bonaparte au Polygone :

     Canons encloués, donc mis hors d’état de tirer, la veille d’une inspection lors de laquelle Bonaparte devait commander le tir du polygone.

     Tirs avec boulets escamotés et non chargés dans la pièce destinés à tromper le Commandant de l’École observant les résultats (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, M. Dunant édit., Paris, Flammarion, 1983, Tome 1, pp. 103-104)

     Trêve de plaisanterie !

     Avec Claudi, découvrons à présent le très sérieux : « Polygone au Son du Canon », seconde image de notre fantaisie en épisodes : « BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse »

Bonaparte à Auxonne, PSC n° 2  Polygone au Son du Canon

Bonaparte à Auxonne, PSC n° 2 Polygone au Son du Canon

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 30 août 2017 (J+3178 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Feuilleton 7

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