AUXONNE, HISTOIRE ET ANECDOTES AUTOUR DE LA GRANDE FOIRE (1) - du 30 octobre 2022 (J+5065 après le vote négatif fondateur)

Demain, la Grande-Rue de notre cité impériale fraîchement équipée de « poubelles à l’effigie de l’Empereur » sera le théâtre de la grande Foire d’Auxonne 2022, ainsi que quelques autres rues et boulevards .

Cette grande foire a perdu depuis un demi-siècle, comme nombre de ses semblables dans notre pays, son caractère de véritable évènement commercial pour faire place à l’une de ces « animations » festives, vidées de leur destination première, animations destinées à tirer un instant de leur torpeur chronique les centres historiques somnolents et désertés de nombre de bourgs-dortoirs.

On va nous accuser encore de passéisme

Mais cette fièvre impériale qui sévit actuellement dans nos murs jusque dans les « poubelles à l’effigie de l’Empereur » n’est-elle pas elle-même une forme de passéisme pompeux !

Une manière répandue, par chez nous désormais très courue, de se mettre en lumière sous les feux de la gloire impériale !

AUXONNE : DE LA PLACE ROSE AU CHÂTEAU RAOUL - du 24 octobre 2022

Mais quittons Bonaparte et sa gloire pour revenir à la grande foire !

À ce propos, le passéisme est de tous les temps !

À preuve, on pouvait lire dans l’Écho bourguignon du 30 novembre 1864, sous la plume de Claude Pichard (1895-1883), ces propos nostalgiques :

« Et je reviens humblement à notre dernière foire.

Après avoir disparu sur la fin de la semaine pour faire place à une pluie battante, le soleil, un magnifique soleil d’automne, nous est revenu radieux pour la journée du dimanche, dite journée des amoureux.

Hélas ! Malgré cette visite bienfaisante, j’ai vainement cherché, le lundi comme le dimanche, le dimanche comme le lundi, ma foire, ma vraie foire, la foire d’autrefois : cette animation bruyante ; cette foule épaisse et agitée s’épendant dans toutes les rues comme une mer houleuse et jusqu’aux remparts ; ce brouhaha, ces cris, ce tumulte, qui disent : nous faisons des affaires ; ces bruits de musiques, de cymbales, de tambours et de grosse caisse si discordants, mais aussi si mélodieux pour ces gens à ce intéressés ; ce monde de marchands ambulants et de saltimbanques, ces groupes de baraques en planches qui faisaient la joie de mes jeunes années. »

Claude Pichard vieillissant regrettait lui aussi les foires d’antan…Et publiait à l’occasion au sujet de Napoléon...Mais ceci est une autre histoire...

Faisons donc pour l’instant, loin de l’histoire de Napoléon le Grand et de sa Grande Armée de spécialistes, un peu d’histoire de la foire.

Dans l’Histoire d’Auxonne au Moyen-Âge (Dijon, 1961) de Pierre Camp, on découvre à la page 42, un paragraphe intitulé « Éveil commercial » dont nous citons une partie :

« Éveil commercial. Une ville aussi bien située, au croisement d’une artère fluviale et d’une grande route politique et stratégique voit éclore un mouvement commercial. N’eût-elle pas d’industrie propre, elle attire les marchands par son accès commode et la sécurité qu’elle leur assure à l’abri de ses remparts. Auxonne, jusqu’au début du XIVe siècle n’avait qu’un marché chaque lundi, fréquenté régulièrement par les paysans des environs (A.A. liasse 68). En 1319 le duc Eudes IV dota la ville de deux foires annuelles, l’une fixée au jeudi après l’octave de Pâques [N.D.L.R. Chantecler : les huit jours qui suivent le dimanche de Pâques] et l’autre au jeudi après l’octave de la Saint-Denis [N.D.L.R. Chantecler : fêtée le 9 octobre]; Chacune devait durer trois jours… »

 

L’Annuaire départemental de la Côte-d’Or (Dijon, E. Jobard, 1862) par Joseph Garnier donne, à partir de la page 319, le « TABLEAU DES FOIRES DU DÉPARTEMENT DE LA CÔTE-D’OR. Arrêté par M. le Préfet le 31 juillet 1850 et approuvé par le ministre de l’agriculture et du commerce le 3 septembre suivant et par des décrets postérieurs.»

On lit en page 320 : « Auxonne. 16 mars, 20 juin, lundi après le 1er dimanche de septembre, 3e lundi d’octobre, 22 décembre. »

 

L’Annuaire départemental de la Côte-d’Or (Dijon, E. Jobard, 1880) par Joseph Garnier donne, à partir de la page 426, le « TABLEAU DES FOIRES DU DÉPARTEMENT DE LA CÔTE-D’OR. Dressé en exécution de l’arrêté préfectoral du 16 juin 1876 »

Sur cette même page 426 on lit : « Auxonne. Le 1er vendredi de chaque mois, à part le mois d’octobre et le 3e lundi d’octobre. »

 

L’Annuaire départemental de la Côte-d’Or (Dijon, E. Jobard, 1887) par Joseph Garnier donne, à partir de la page 454, le « TABLEAU DES FOIRES DU DÉPARTEMENT DE LA CÔTE-D’OR »

Sur cette même page 454 on lit : « Auxonne. Le 1er vendredi de chaque mois et le premier vendredi de novembre. »

 

L’Annuaire départemental de la Côte-d’Or (Dijon, E.Jobard, 1900) par Joseph Garnier donne, à partir de la page 471, le « TABLEAU DES FOIRES DU DÉPARTEMENT DE LA CÔTE-D’OR. »

Sur cette même page on lit: « Auxonne. Le 1er vendredi de chaque mois et le dernier lundi d’octobre . »

Les mêmes dates sont retrouvées en page 470 de l’Annuaire départemental de la Côte-d’Or (Dijon, Jobard, 1912) par Charles ROYER avec une précision supplémentaire.

« Auxonne. Le 1er vendredi de chaque mois et le dernier lundi d’octobre (8 jours). »

Conclusion : Cette revue des annuaires permet d’affirmer que c’est en 1900 ou aux approches de 1900 que la date de la grand foire d’Auxonne a été définitivement fixée au dernier lundi d’octobre.

Comme aujourd’hui, donc !

Quand à Claude Pichard, qui écrit en 1864, on peut affirmer, à la lumière des renseignements ci-dessus, que le lundi dont il parle est le troisième lundi d’octobre 1864 donc au vu du calendrier le 17 octobre 1864. Quinze jours plus tôt sur le calendrier que la foire d’aujourd’hui.

 

foire d'Auxonne années 1860 .jpg

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C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 30 octobre 2022 (J+5065 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Visions d’histoire

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