AUXONNE, HISTOIRE ET ANECDOTES AUTOUR DE LA GRANDE FOIRE (2) - du 07 novembre 2022 (J+5073 après le vote négatif fondateur)
07 nov. 2022AUXONNE, HISTOIRE ET ANECDOTES AUTOUR DE LA GRANDE FOIRE (2) - du 07 novembre 2022 (J+5073 après le vote négatif fondateur)
Partons, comme promis, faire un deuxième tour sur la grande foire !
Dans le premier épisode de notre série « AUXONNE, HISTOIRE ET ANECDOTES AUTOUR DE LA GRANDE FOIRE » nous avions esquissé une brève histoire de la Foire du Moyen-Âge à nos jours.
AUXONNE, HISTOIRE ET ANECDOTES AUTOUR DE LA GRANDE FOIRE (1) - du 30 octobre 2022
Le présent épisode sera consacré à quelques anecdotes puisées au cœur du siècle dernier et dont votre serviteur, en voie de fossilisation, fut un témoin oculaire…
Et tout d’abord pour vous mettre dans le bain, un article de 1950, du temps où la foire se déroulait sur deux jours. C’était l’occasion de bonnes affaires pour les très nombreux commerçants du centre-ville d’alors !
Force est de constater que sous l’effet du changement mercatique, l’espèce « commerçant de centre-ville » a été décimée et que ses représentants actuels serrent aujourd’hui les rangs comme dans le dernier carré de Waterloo ! Ce n’est sans doute pas Madame l’Adjointe à l’urbanisme qui viendra nous démentir sur ce point !
AUXONNE : NAVRANTE COÏNCIDENCE - du 10 septembre 2022
Après les espèces décimées parlons maintenant d’espèces carrément disparues et dont le souvenir ne subsiste que dans la mémoire vacillante des vieux baby-boomers.
Le « casseur d’assiettes », victime du plastique et du Duralex a déserté la planète foire.
Au temps où l’on passait de la IVème République à la Vème, je me souviens, alors encore gamin, d’en avoir longtemps observé un : le « Barrachin ».
Son baratin était fondé sur la dépréciation des « ploucs ». Il est vrai qu’à l’époque, dans les foyers modestes, on ne mettait pas les petits plats dans les grands et qu’à la fin du repas, on retournait volontiers l’assiette pour manger fromage ou confiture sur le « cul » de l’assiette. Et pas question de les manger sans pain, par gourmandise !
Quand ses soucoupes ne partaient pas, le « Barrachin » mimait et stigmatisait cette pratique et prenait à partie les péquenots près de leurs sous qui « bouffaient leur dessert sur le cul de l’assiette » plutôt que de faire la dépense de soucoupes.
En un mot ce baratineur mal dégrossi au tutoiement facile, dont les invectives et la vulgarité contrastait avec la réserve d’un public surtout féminin, et qui n’avait pas de diplôme force de vente, avait déjà parfaitement intégré les ressorts de la société de consommation qui commençait à bousculer la parcimonie paysanne !
De nos jours, les « Barrachin » cravatés sont partout , la méthode est certes plus élaborée, mais au fond de l’âme humaine, les ressorts malsains qui poussent à la consommation sont restés les mêmes !
Plus marrant et moins commun était l’avaleur de grenouilles, baleine humaine qui emplissait son estomac d’eau et d’une douzaine de grenouilles, comme autant de Jonas, pour les recracher vivantes !
À l’heure où tout un chacun, en ces temps difficiles, n’en finit pas d’« avaler des couleuvres », l’« avaleur de grenouilles » n’a plus sa place dans notre société policée et respectueuse du vivant…
On ne peut plus imaginer un quidam se donnant en spectacle, engloutir un seau d’eau et une douzaine de grenouilles vivantes devant les yeux ébahis des badauds, puis régurgiter dans un flot les animaux vivants, un à un dans un aquarium, au rythme de la générosité sonnante et trébuchante du public.
En véritable fossile d’une société aujourd’hui disparue, votre serviteur, alors en culottes courtes, affirme avoir assisté à ce spectacle lors d’une foire des années 50.
C’était dans le jardin de l’Hôtel de Ville, le docteur Guichard étant maire, précisément à l’endroit qu’a figuré Claudi dans sa libre reconstitution de notre souvenir qui concluera notre article
Et j’avoue avoir été fasciné par ce spectacle rabelaisien autant que gargouillant. On disait alors couramment à celui qui buvait trop d’eau : « Ne bois pas trop, tu vas avoir des grenouilles dans le ventre ! »
Pour montrer enfin, en images mouvantes autant qu’émouvantes ce populo des foires des années 1950 que la jeune génération peine à imaginer, un petit film muet à regarder et qui démontre sans peine la rupture économique, technique et sociologique opérée au cours de la Vème République et de ses « trente glorieuses ».
Mais pourquoi la foire de Chartres ? Parce qu’hormis dans notre mémoire, nous n’avons pas trouvé de documents locaux animés équivalents !
http://memoire.ciclic.fr/5099-foire-de-la-saint-andre-a-chartres
Aujourd’hui la Foire semble réduite à un exercice d’arithmétique et de comptage.
En témoigne ce post lu sur une page facebook édilitaire :
« Un grand merci aux 282 exposants présents lors de notre foire d’Auxonne.
Nous avons décompté 11000 piétons en passage sous notre compteur, ce qui laisse à supposer a minima environ 5500 visiteurs. Une belle réussite pour cette journée. »
Et suivant la ritournelle consacrée ajoutons : « beaucoup de badauds sans doute, mais pas beaucoup d’acheteurs ».
P.S.
Et l’Empereur dans tout ça ?!
On y revient dès la prochaine fois ! Avec de l’inédit et du nouveau !
Et, promis juré, on vous fera pas avaler des grenouilles !
Mais au fait, à propos de foire, connaissez vous celle de Sombernon qui se tenait hier ? Il paraît que Napoléon y était à l’honneur… Un vrai bonheur !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 07 novembre 2022 (J+5073 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire