LE FUTURISTE ET LE NOUVELLISTE - du 13 JUILLET 2015 (J+2399 après le vote négatif fondateur)

Notre titre n’est pas emprunté à une fable de La Fontaine. Se détournant résolument d’un passé révolu, il a une orientation futuriste. À propos, vous connaissez Marinetti ? Non, vous avez perdu, ce n’est pas une marque de vermouth !

Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944) est un écrivain italien, initiateur du futurisme. En 1910, il publie dans la revue Comoedia, son célèbre tract « Venise futuriste ». En un mot, dans ce tract, Marinetti se propose de réveiller « La Belle Endormie » qu’est alors Venise et préconise pour cela, dans le style grandiloquent qui le caractérise, quelques méthodes radicales : « Nous voulons ranimer […] le peuple vénitien, déchu de sa grandeur première […] avili par la routine de ses petits commerces… » « Brûlons les gondoles, ces balançoires à crétins et dressons jusqu’au ciel l’imposante géométrie des ponts de métal et des usines chevelues de fumée, pour abolir partout la courbe languissante des vieilles architectures ». 200 000 manifestes multicolores furent lancés à cette occasion du haut de la Tour de l’Horloge et Marinetti souligne « que les pigeons affables et casaniers furent pris d’un tel effroi, qu’ils désertèrent pour plusieurs jours leurs nids merveilleux aux dentelles de marbre ».

Toutes proportions gardées, un esprit futuriste règne aussi depuis quelques années au sein de la municipalité de notre ville qui espère, par « l’imposante géométrie » d’un hangar de charpente métallique planté sur les champs du Charmoy, réveiller notre « Belle Endormie ». Mais si ce goût prononcé des architectures métalliques pourrait sembler à première vue marinettien, il est en fait beaucoup plus modéré car il n’envisage surtout pas de chasser de leurs ronds-points (les ronds-points sont à Auxonne ce que les campi, ces charmantes petites places, sont à Venise) les vanneurs vannés, les faucheurs fauchés, les laveuses lessivées et autres pêcheurs bredouilles, témoins d’un passé révolu.

On sait, qu’à grand renfort de tracts et d’affiches, un scrutin populaire, luron et publicitaire fut organisé en juin 2010. Le battage fut si fort (malgré l’absence de tarare) que le OUI l’emporta. Le 27 juin au soir, à l’issue du scrutin, un discours fut prononcé auquel nous avions assisté et dont nous croyions les paroles envolées. Amateur d’archives, nous commencions à déplorer la perte irréparable de cette bonne bouteille manquant aux grands chais du conservatoire de l’éloquence.

Grâce à Dieu, le miracle de l’imprimerie avait conservé de larges extraits du texte. Bizarrement, ce n’est pas dans Inf’Auxonne que vous pourrez le découvrir, mais en page 6 du numéro 3 de 2013 d’un magazine artistique auto-édité, assez connu pour que nous n’ayons pas à préciser son nom !

Rencontre opportune et ineffable d’un futuriste et d’un nouvelliste, assurant pour un futur radieux, la pérennité du verbe !

Préservant la partie graphique de la page 6 et les droits intellectuels et artistiques de son auteur, apparemment plus pointilleux sur le © que sur le mélange des genres, nous rendons aujourd’hui à César, ce qui est à César, et au domaine public, ce discours qui fut prononcé publiquement le 27 juin 2010.

 

Prononcé, il le fut en effet avec un bel aplomb, ce discours public, dont le directeur du magazine artistico-publicitaire se fit alors le héraut empressé. Remarquons à ce propos, que si l’auto-encensement et l’auto-promotion sont des péchés véniels fort répandus auxquels nous ne prétendons pas, nous-même, toujours échapper, en revanche, la flagornerie à l’égard des pouvoirs en place peut manquer terriblement d’élégance !

On pourrait s’en laisser conter par le ton vibrant de ce discours et des expressions telles que : « Depuis près de 18 mois, le débat a eu lieu. Chacun a pu s’exprimer ». La magie du verbe tombe, lorsque l’on sait qu’en fait, au mépris du « vote négatif fondateur du 17 décembre 2008 » le projet fut facilité en catimini par quelques partisans du promoteur aux commandes de la mairie. Ces derniers assurèrent « discrètement » au promoteur la « maîtrise foncière de la zone ». En conséquence, et au vu sans doute du caractère de large transparence de ce « débat » sur le terrain, le premier de ces artisans zélés reçut du promoteur un satisfecit figurant dans une lettre publiée en page 4 d’ Inf’Auxonne N° 25 de mai 2009. Qui douterait de tout cela, pourra le vérifier sur pièces !!

UN « CHARMOY POUR LES MULES » : CHANTECLER n° 14 - du 16 MARS 2015

Aujourd’hui, les 200 000 manifestes de la Tour de l’Horloge et les affiches jaune-fluo de LURE de juin 2010 ont inspiré Claudi. Il est vrai que, comme à Venise, les pigeons ne manquent pas à Auxonne. Ils ne manquaient pas, du moins, en ce 27 juin 2010 !!

LE  FUTURISTE  ET LE NOUVELLISTE - du 13 JUILLET 2015 (J+2399  après le vote négatif fondateur)

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 13 juillet 2015 (J+2399 après le vote négatif fondateur)

 

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