LE CHARMOY, CADRE PRIVILÉGIÉ DU NOUVELLISME DU PLEIN AIR ? - du 24 NOVEMBRE 2015 (J+2533 après le vote négatif fondateur)

Avertissement : Le sujet de notre article nous a imposé un certain nombre de recherches. Nous touchions à l’histoire des arts et, de ce fait, nous ne pouvions nous départir d’un certain ton d’érudition. Cependant, afin de ne pas abuser du temps et de la patience de notre fidèle lectorat, nous lui proposons d’accéder directement au cœur du sujet, sans lire l’introduction. Cette introduction est néanmoins disponible, pour les plus curieux/ses en PDF

Les lecteurs des gratuits publicitaires commerciaux Bloc Note Intellectuel Auxonnais et NOTIN, largement diffusés entre 2003 et 2013 se souviennent peut-être qu’il y était souvent question, entre les pavés publicitaires, outre de sujets divers et variés, allant de l’urticaire à la Légion d’Honneur, de « nouvellisme ».

Le « nouvellisme du plein air », dont nous faisons mention dans notre titre, a une origine beaucoup plus ancienne que ce nouvellisme du 21ème siècle. Nous en avons trouvé une référence dans un article biographique relatif au peintre Joseph Delattre, l’un des représentants de l’impressionnisme rouennais à la fin du 19ème siècle. Voici un extrait de cet article : « Avec une palette chromique assez restreinte, Joseph Delattre capte avec justesse les différentes atmosphères qui l’entourent. Surnommé le peintre de la Seine, il s’installe au même endroit pour traquer de ses yeux perçants les moindres nuances de lumières et de couleurs. La transition de style avec la parfaite technique de la peinture dite de salon et le nouvellisme du plein air est parfaitement illustrée par son travail. »

http://www.galeriebertran.com/exposition-j-delattre-r-a-pinchon/

Membre du groupe des « mousquetaires » – pas des mousquetaires de la grande distribution, précisons bien que nous traitons, quant à nous, d’histoire de l’art et non d’épicerie, fût-elle une épicerie volante ! – aux côtés de Jules Lemaître et de Charles Fréchon, Joseph Delattre appartient aux précurseurs de l’impressionnisme rouennais.

Delattre, aussi discret et mélancolique dans ses tableaux, que passionné et agitateur dans la vie, publie en 1888 une tribune libre dans le Nouvelliste de Rouen (Cf . Frédéric Cousinié, L’impressionnisme : du plein air au territoire PURH (Presses Universitaires de Rouen et du Havre) 2013, p.123)

Deux nouvellismes, « Nouvellisme du plein air » et nouvellisme au sens journalistique, ce dernier ayant été défini dans notre introduction (voir PDF), viennent donc confluer et se conjuguer chez « le peintre de la Seine, [qui] s’installe au même endroit pour traquer de ses yeux perçants les moindres nuances de lumières et de couleurs » tout en publiant sa tribune libre dans le Nouvelliste de Rouen.

Si l’on en croit à présent l’autobiographie diffusée sur son blog, un autre artiste, celui-là de renommée nationale, internationale, interplanétaire et intergalactique-tic-tic, et tout chargé d’honneurs, comme la mule de son bât, se transporta à la fin du dernier siècle, des rives de la Seine, aux rives de la Saône.

Je n’ai plus à vous le présenter, vous l’aurez reconnu, ou, bien mieux, vous l’aurez rencontré, et, alors, patiemment, en pensant à autre chose, vous aurez ouï son phébus abscons.

Vous ne m’avez pas compris, ça c’est normal, mais n’allez pas me dire que vous en avez compris davantage en prêtant votre oreille au pittore ! C’est hyper-normal de ne pas comprendre, ne vous inquiétez surtout pas, vous n’avez pas besoin de prothèse auditive ! Mais tout bonnement d’un dictionnaire. Voilà :

Phébus : Style obscur et alambiqué en référence au dieu grec de la Lumière, de la Musique, des Arts et des Lettres

Abscons : très difficile à comprendre, obscur, inintelligible

C’est pigé ? Il arrive cependant que dans les problèmes d’entendement, même le dictionnaire soit inopérant. Exemple : « L’entrée principale de l’église Notre Dame d’Auxonne est caractérisée par un ensemble de répercussions morales assorti de sensations physiques en fonction de l’élancement de l’âme vers le ciel par le canal du clocher ». Dans de tels cas, Larousse et même Robert avouent humblement leur impuissance ! Vous l’aurez peut-être reconnue, cette phrase, lumineuse comme une Vierge de Lourdes ? Elle est extraite du NOTIN N°5-2012 page 14 !

Aux rives de la Saône, où notre flânerie nous a ramené, même sans dictionnaire, même si l’on ne comprend rien, on ne s’ennuie jamais. On ne s’ennuie jamais malgré le brouillard qui sévit, aussi impénétrable et malsain au corps que le « phébus abscons » l’est à l’âme. On ne s’ennuie jamais, car presque tous les jours, dans le journal, on a une nouvelle ou une photo du grand chantier grâce à notre nouvelliste à nous.

Et sur la toile, maintenant on a des nouvelles du chantier aéronautique de notre cher maestro Marinetti qui après être monté en avion, en est redescendu tel Icare vers la terre :

Aïe ! Aïe ! Aïe ! La terre, ça fait mal à mon Latécoère, Aïe ! Aïe ! Aïe ! La terre, ça fait mal, quand le nez de l’avion s’y carre !

Sur le tarmac du Charmoy il nous monte à présent un avion gros porteur en légos le coco ! Des légos pour les gogos ! Et des légos c’est qu’il en faut pour construire un si grand avion ! Mais les légos du visionnaire, apprenti légionnaire, sont légions !

Vous voyez, on ne s’ennuie pas dans les brouillards de notre Val de Saône, on est vraiment vernis, avant même d’aller au vernissage, car on peut dire que, pour notre bonheur

Deux nouvellismes, celui de la toile et celui du journal, se conjuguent chez « le peintre du Charmoy, [qui] s’installe au même endroit pour traquer de ses yeux perçants les moindres avancées du chantier.

Au rayon aéro-épicerie, on a notre Delattre en promo bien à nous !

Alors ? À quand la grande expo rétrospective de notre pittore de l’hyper-nouvellisme du plein air et du rond-point ? Pour l’inauguration sans doute, et pour la remise. Mais quelle donc remise ?

RAYON DÉCORATION - du 10 NOVEMBRE 2015

L’artiste « visionnaire » n’avait-t-il pas déjà pressenti et dépeint lui-même cette nouvelle heure de gloire encore à vivre dans son puissant article « Zinzin sur le radis monumental ».

« Zinzin sur le radis monumental », il faut le découvrir, comme Naples avant de mourir. C’est moins cher que Naples, et si l’on cherche bien on trouve même un Vésuve, un Volcan qui, lui aussi, a sa médaille !

« Zinzin sur le radis monumental », c’est un petit bijou littéraire, un camée finement ciselé avec art et délicatesse. Cette délicatesse, est native et viscérale chez l’artiste. Cette délicatesse, ne transpire-t-elle pas dans l’éditorial du Bloc Note Intellectuel Auxonnais N° 3 de 2004 : « Le Bloc Note bénéficie d’une séduction enchanteresse. Tous les reflets d’activité sont inondés de lumière avec un zeste de romantisme, surmontés d’une sincérité émotionnelle ».

Rien d’étonnant, donc, à ce que « Zinzin sur le radis monumental » ait connu récemment, auprès d’une foule d’amateurs éclairés, une audience fa-ra-mi-neuse.

Il est vrai que c’est dans « Zinzin sur le radis monumental », que l’on découvre cette phrase ineffable sculptée par la plume expressive et inimitable du maître :

« Avec ton beau costume, pour l’inauguration de ce magasin, tu pourras caqueter jusqu’à satiété, avec pour récompense un pied de maïs, un pied de tournesol et un pied de soja ». Diantre ! Quel style ! Et quelle profusion d’oléagineux ! Notre artiste, reporter et littérateur serait-il aussi un compilateur compulsif du Larousse agricole ?

On sent que l’attente de l’évènement le titille. Encore une bonne occasion pour se faufiler tout près des « huiles », là où ça baigne, et de se figer dans un solennel garde-à-vous, et encore de pêcher une perle rare pour les trésors vidéo de son blog-bazar. En attendant, à défaut d’« un pied de maïs, un pied de tournesol et un pied de soja », Claudi offre en hommage au maître, un solide pied-de-nez !

Nouvellisme du plein air au Charmoy

Nouvellisme du plein air au Charmoy

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 24 novembre 2015 (J+2533 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Salons et cimaises

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